9 December 2025

Quel est votre degré d’action climatique?

L’Ordre des ingénieurs du Québec publie le Baromètre 2025 de l’action climatique, une enquête inédite visant à mieux comprendre les différents profils de ses membres et de sa relève selon leur engagement climatique. Ses résultats révèlent une profession largement consciente de son rôle, engagée à différents degrés et prête à aller plus loin — à condition d’agir collectivement et de disposer de bons leviers.

Le génie au cœur de la réponse climatique

La crise climatique est de plus en plus perceptible chaque année, au Québec comme ailleurs. Pour y faire face, tous les acteurs de la société sont appelés à se mobiliser. Les ingénieures et ingénieurs, par la nature de leurs fonctions, jouent un rôle stratégique à cet égard : concevoir et adapter les infrastructures, procédés, bâtiments et systèmes énergétiques qui façonnent notre avenir collectif.

Mais est-ce que toutes et tous sont pleinement conscients de ce rôle ? Et, surtout, déjà à l’oeuvre ? Si oui, comment mieux les soutenir ? C’est pour répondre à ces questions que l’Ordre a réalisé le Baromètre 2025 de l’action climatique des ingénieurs et de la relève en génie. Selon la présidente de l’Ordre des ingénieurs du Québec, Sophie Larivière-Mantha, ing.,MBA, ASC, il s’agirait du premier baromètreproduit par un ordre professionnel au Québec portant précisément sur la lutte contre les changements climatiques.

Une profession engagée

Menée auprès de 2 274 membres ayant répondu en ligne au questionnaire en juin 2025, l’enquête s’est penchée sur plus d’une cinquantaine de variables. Les résultats sont clairs : la majorité des membres de l’Ordre reconnaissent leur pouvoir d’action et leur responsabilité dans l’action climatique.

En effet, 78 % des ingénieures et ingénieurs interrogés considèrent que le génie doit être un élément moteur de la lutte et de l’adaptation aux changements climatiques, et 67 % sont fortement en accord avec le fait qu’il y a urgence d’agir au Québec pour contrer ces changements. Si l’on inclut les personnes simplement « d’accord », cette proportion atteint 77 %.

Et l’engagement ne se limite pas aux intentions : environ la moitié des membres intègrent déjà des solutions durables à leurs pratiques, savent identifier celles qui doivent être mises en oeuvre et tiennent compte des impacts environnementaux dans leurs décisions. Elles et ils ont des connaissances, et leur motivation à aller plus loin est encore plus élevée.

L’action individuelle ne suffit pas

Un constat central ressort de cette étude : pour agir efficacement, les ingénieures et ingénieurs ont besoin d’un écosystème conscientisé. C’est ce que souligne Sophie Larivière-Mantha :« Pour répondre à l’urgence climatique, l’écosystème — donneurs d’ordres, employeurs, gouvernements et partenaires — doit s’engager à soutenir des pratiques d’ingénierie plus résilientes, innovantes et durables. »

Environ un tiers des répondants mentionnent éprouver de la difficulté à convaincre leur clientèle et leurs collègues à adopter des solutions durables. À ce défi s’ajoute l’instabilité économique et politique, que près de la moitié des membres considèrent comme un obstacle majeur à l’adoption de mesures. Malgré tout, ils soulignent que la lutte contre le changement climatique doit rester une priorité absolue.

Une relève particulièrement mobilisée

Les personnes candidates à la profession d’ingénieur (CPI) se distinguent par un niveau d’engagement encore plus élevé que leurs aînés. On observe des écarts de 10 à 20 points sur plusieurs des indicateurs mesurés. Ces ingénieures et ingénieurs de demain s’attendent à occuper une place active dans leur vie professionnelle. Forte d’un engagement climatique affirmé, cette relève porte une vision ambitieuse et collective de la durabilité.

 

« Par ses convictions et son regard neuf, la relève en génie pourrait accélérer le mouvement vers une pratique plus responsable et inspirer un changement culturel à grande échelle. Son énergie pourrait bien devenir le moteur d’une transition à la fois audacieuse et porteuse d’espoir.

Sophie Larivière-Mantha, ing.,MBA, ASC, présidente de l’Ordre des ingénieurs du Québec.

 

Six profils, une diversité d’attitudes

À l’image de la population générale, les ingénieures et les ingénieurs ne forment pas un bloc homogène. L’analyse de huit facteurs discriminants (motivation, contraintes, comportements, connaissances, etc.) a permis d’identifier six profils types représentatifs de la diversité des postures des membres devant l’action climatique.

Premier constat marquant : les Catalyseurs de changement et les Adeptes à l’élan freiné, deux profils très engagés, comptent pour 40 % des membres. Les personnes de ces segments seront en mesure de créer un effet d’entraînement, pour peu qu’on leur donne les bons leviers.

Les Volontaires en apprentissage représentent le groupe le plus nombreux et sont suivis de très près par les Adeptes à l’élan freiné. On y retrouve une surreprésentation des personnes entre 55 et 64 ans. Peu engagés actuellement, mais désireux d’en faire davantage, ils ont besoin d’information et d’outils pratiques pour intégrer pleinement les considérations environnementales à leur travail.

LES SIX PROFILS TYPES EN UN COUP D’OEIL

S’il y a un consensus clair sur la nécessité de l’action climatique, l’engagement des membres prend des formes variées. Voici les six segments* qui illustrent la diversité des positions des membres de l’Ordre et des CPI envers la lutte contre les changements climatiques.

* Analyse : Base de segmentation – 1109 personnes répondantes

Un Ordre engagé à soutenir ses membres

L’édition 2025 du Baromètre marque un point de départ. L’Ordre souhaite s’appuyer sur ces données pour adapter ses actions et offrir des leviers concrets à chacun des profils.

Les formations pratiques et ciblées semblent par exemple être une des solutions les plus réclamées. « Le Baromètre nous permet de mieux comprendre les besoins de nos membres, notamment le besoin de formations pratiques et concrètes sur la mise en application de solutions vertes », explique Sophie Larivière-Mantha. D’autres actions de l’Ordre découleront des résultats du Baromètre, comme celles déployées dans le cadre du Plan d’action en développement durable.

Autre constat transversal : tous les profils, sauf les Réfractaires, identifient le manque de moyens financiers comme principal frein à l’action climatique. Pourtant, selon une étude du Centre canadien du climat, un dollar canadien investi pour mettre en place des mesures d’adaptation génère 13 $ à 15 $ en revenus directs et indirects sous forme de bénéfices et d’économies. C’est un rendement du capital investi intéressant. Les membres de l’Ordre devront non seulement apprendre à expliquer cette réalité, mais aussi à souligner les risques croissants que courent les entreprises qui n’ont pas de plan d’action climatique.

Le Baromètre 2025 dresse un panorama inédit et met en évidence une tendance lourde : une forte proportion d’ingénieurs, d’ingénieures et de CPI expriment le souhait de contribuer activement à la lutte et à l’adaptation aux changements climatiques dans le cadre de leur activité professionnelle. Cette évolution marque un progrès important ; toutefois, il convient de souligner que même si l’adaptation permet de limiter certains impacts et coûts liés aux changements climatiques, elle ne minimise pas l’ensemble des risques encourus. Il appartient donc aux ingénieurs et ingénieures d’anticiper et de gérer les effets inévitables à court et moyen termes, tout en poursuivant les initiatives visant à réduire l’ensemble des émissions de gaz à effet de serre.

MESURE DE L’ENGAGEMENT CLIMATIQUE

 

Dans le cadre de son Plan stratégique 2025-2028, l’Ordre s’est donné pour vision d’élever la pratique du génie, notamment en mobilisant la profession autour des grands enjeux de durabilité. Les résultats qui suivent mettent en lumière les membres et CPI les plus engagés — ceux et celles qui ont accordé une note de 8 et plus sur une échelle de 10 aux énoncés proposés.

*Toutes les statistiques présentées ici concernent des personnes ayant répondu 8 et plus, sur une échelle de 10.

 

POUR ALLER PLUS LOIN


Consultez le Baromètre 2025 de l’action climatique sur notre page Grands dossiers | Développement durable

 

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