Véronique Lacasse : choisir l’agroenvironnement

À 25 ans, Véronique Lacasse a longuement mûri son choix professionnel avant d’opter pour une profession où elle peut résoudre des problèmes d’ingénierie visant à mieux protéger l’environnement.

Cet article s’inscrit dans la collection « Relève en génie ».

Par Pascale Guéricolas


À l’âge où plusieurs adolescentes vendent des crèmes glacées ou des vêtements, Véronique Lacasse se familiarisait avec la traite des vaches, la façon de les nourrir, de les emmener au champ pour pâturer. Cette expérience de plusieurs étés chez ses quatre oncles, propriétaires d’une ferme laitière biologique, lui a donné un point de vue unique sur la réalité agricole. D’abord intéressée par l’architecture, elle a finalement décidé, après un baccalauréat dans ce domaine, de s’orienter vers le génie agroenvironnemental à l’Université Laval. Pourquoi ? Essentiellement parce que la résolution de problèmes la passionne, tout comme le travail à l’extérieur, dans un environnement stimulant.

« Tous les aspects qu’englobe le génie agroenvironnemental m’intéressent. Dans notre formation, on aborde des questions importantes, comme l’aménagement des cours d’eau, pour lesquelles il faut exercer son jugement. »

— Véronique Lacasse — Université Laval

«Tous les aspects qu’englobe le génie agroenvironnemental m’intéressent, comme l’environnement, l’agriculture, l’hydraulique, les bâtiments, déclare avec enthousiasme la jeune diplômée. Dans notre formation, on aborde des questions importantes, comme l’aménagement des cours d’eau, pour lesquelles il faut exercer son jugement.» Bien ancrée dans son époque, Véronique Lacasse s’inquiète pour la conservation de cette ressource naturelle.

L’environnement : une priorité

Ses étés passés dans la ferme familiale l’ont sensibilisée à la gestion de l’eau. « C’est indispensable de comprendre la réalité des deux mondes, celui des normes environnementales liées à la réduction des contaminants, et celui de la production agricole, souligne la jeune femme. Il faut bien expliquer aux agriculteurs et agricultrices la nécessité de changer les façons de faire pour mieux protéger l’environnement, qu’il s’agisse de déboucher un fossé ou de gérer des lisiers. » Son premier stage au baccalauréat en génie agroenvironnemental, dans un cabinet-conseil de génie spécialisé dans le domaine agricole, a d’ailleurs confirmé son intérêt pour ce genre de questions ; elle devait en effet participer à des projets autour de la gestion des eaux pluviales et de l’aménagement de cours d’eau.

Deux ans plus tard, elle a choisi de travailler dans le domaine hydraulique, en acceptant l’offre d’embauche du cabinet-conseil Tetra Tech. Un de ses mandats : anticiper les effets de la construction d’infrastructures, comme un pont, sur les cours d’eau. Le projet doit s’assurer de la stabilisation des berges et évaluer la façon dont le débit varie, avant de planifier les travaux en conséquence.

Où sont les filles ?

Bien intégrée au sein d’une équipe d’ingénieures et ingénieurs qui l’appuient et partagent avec elle leurs connaissances, Véronique Lacasse regrette cependant d’avoir manqué de modèles féminins lors de son parcours universitaire en génie. « Ce n’est pas toujours facile d’être la seule fille dans un programme de génie à prédominance masculine », témoigne-t-elle. La jeune femme est reconnaissante d’avoir bénéficié du soutien de personnes qui l’ont encouragée dans son choix professionnel, tant en milieu de travail durant ses stages, qu’à l’Université Laval. Pendant trois ans, elle s’est par exemple impliquée dans un groupe d’étudiants passionnés, qui concevaient un mini-tracteur. Son rôle, trouver des commanditaires, présenter le prototype devant des juges, rédiger un rapport financier, et finalement assumer le rôle de capitaine de l’équipe, une expérience de la gestion de projet qui lui va comme un gant. « J’ai beaucoup mis l’accent sur la motivation de l’équipe en déléguant des tâches précises à chacun et chacune, explique-t-elle, pour développer un véritable sentiment d’appartenance. »

Seules femmes parmi des centaines de participants à la compétition internationale en design de tracteurs de dimensions réduites en Illinois pour les épreuves de l’ULtrac, les étudiantes en génie agroenvironnemental de l’Université Laval ont prouvé qu’elles avaient leur place dans un tel événement. La jeune diplômée, qui adore passer du temps en famille parmi sa vingtaine de cousins et cousines, s’est aussi engagée dans la vie étudiante pour tisser des liens avec les autres associations du campus. Elle a aussi voulu contribuer à améliorer la formation en génie au Québec. Un de ses sujets de prédilection ? Voir à ce que le développement durable fasse partie des thèmes communs. Au moment où elle commence sa vie professionnelle, Véronique Lacasse s’investit déjà pleinement dans cette mission en veillant à la protection de l’eau, une ressource qui lui tient à cœur.

 


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