Inquiétudes concernant l’augmentation du déficit de maintien des actifs
Chères consœurs, chers confrères,
Une part importante des infrastructures publiques au Québec sont vieillissantes. Leur construction date des années 1960 et 1970, époque où l’on cherchait à répondre aux besoins croissants de la population en services publics.
Après une longue période de sous-financement chronique, les investissements en infrastructures ont été augmentés dans les dernières années. Dans le budget déposé la semaine dernière, le gouvernement a annoncé son intention de rehausser de 11 milliards de dollars la somme allouée au Plan québécois des infrastructures (PQI) 2025-2035. Sur 10 ans, 164 milliards de dollars seront investis dans les infrastructures, ce qui représente une hausse de 7 % du montant annoncé l’an dernier.
Je salue les investissements supplémentaires et le fait que 65 % de cette somme sera alloué au maintien des infrastructures, une proportion en croissance par rapport à l’an dernier. Toutefois, le déficit de maintien des infrastructures continue d’augmenter. Celui-ci est passé de 37,1 à 40,2 milliards – une augmentation de 3,1 milliards de dollars sur un an. Les sommes annoncées par le gouvernement ne permettront pas de combler pleinement l’augmentation de ce déficit. Malgré les efforts, la situation continuera de s’aggraver si nous n’accélérons pas le rattrapage.
L’importance de soutenir la main-d’œuvre en génie
Selon notre étude sur les tendances en main-d’œuvre dans le domaine de l’ingénierie, le Québec aura besoin d’au moins 52 000 nouveaux professionnels et nouvelles professionnelles en génie d’ici 2033 pour relever de nombreux défis dans la province.
Les investissements en infrastructures, prévus dans le budget, augmenteront la demande de main-d’œuvre en génie, tout comme les projets visant à accélérer la transition énergétique, dont ceux d’Hydro-Québec. De même, les financements visant à accroître la productivité, prévus par le gouvernement, feront croître les besoins dans des secteurs employant des ingénieures et ingénieurs, notamment l’automatisation, la robotisation et l’intelligence artificielle. D’ailleurs, je vous invite à consulter la chronique de Carolyne Fillion, ing., sur les occasions liées à l’intégration de l’intelligence artificielle en génie.
Dans ce contexte, je m’inquiète de l’absence dans le budget de mesures fortes pour stimuler la formation d’une main-d’œuvre hautement qualifiée. Le gouvernement a récemment mis fin à des mesures incitatives, comme le programme de bourses Perspective Québec, qui encourageaient la formation dans des domaines relevant du génie.
Il est également impératif que la prochaine planification du gouvernement au chapitre de l’immigration, prévue ce printemps, prenne en compte l’importance des professionnels formés à l’étranger qui viennent enrichir l’offre de main-d’œuvre en génie et qui contribuent à l’économie québécoise.
L’Ordre insiste sur l’importance pour le gouvernement de prévoir d’autres mesures et de consulter les acteurs de l’écosystème afin d’assurer une relève suffisante dans le domaine du génie. Une telle relève est essentielle à la fois pour relever le défi important de la pérennité de nos infrastructures, mais aussi pour soutenir l’innovation, qui est l’une des priorités de ce budget.
Sophie Larivière-Mantha, ing., MBA, ASC
Présidente de l’Ordre des ingénieurs du Québec