, 4 août 2022

Acier profilé SBB : Le bien-être collectif comme moteur

SBB, PME familiale ayant acquis une envergure internationale, fait rayonner l’expertise québécoise en concevant des produits en aluminium qui viennent en aide aux populations quand se produisent des situations d’urgence.

Cet article s’inscrit dans la collection « Parcours d’entreprise ».
Par Brigitte Trudel, photos : Luis Médina et Didier Bicep


Trouver un travail en achetant une maison : c’est ce qui est arrivé à Martin Léger, ing., il y a 19 ans. Lorsqu’il confie à l’ancien propriétaire de sa nouvelle demeure son intention de changer d’emploi, ce dernier lui propose un entretien chez son propre employeur, Acier profilé SBB.

Fondée en 1973 et spécialisée au départ dans la fabrica­tion de structures d’acier, la PME n’a pas encore le statut de leader mondial qu’on lui connaît. La rencontre a lieu dans un bâtiment qui ne paie pas de mine. « Quand le pont roulant attenant au local s’est mis à fonctionner, j’ai cru à un tremblement de terre, se rappelle l’ingénieur en riant. J’aurais pu me sauver, mais j’ai choisi de sauter dans l’aventure. »

Celui qui est aujourd’hui chargé de projet sénior dans l’entreprise n’a jamais regretté sa décision. Dans sa version actuelle, SBB fait partie des grandes ligues. Elle compte plus de 35 employés, dont 8 ingénieurs, et se spécialise dans la conception et la production de struc­tures d’aluminium dans le créneau lié aux urgences. D’une superficie de production de 2 787 m2, l’usine ultramoderne de SBB, localisée à Blainville, est munie d’un équipement à la fine pointe de la technologie. Son chiffre d’affaires annuel s’élève à 12 millions de dollars ; sa clientèle s’étend sur tous les continents.

Des tours qui voyagent

La PME doit sa réputation planétaire à un produit de niche dont l’histoire remonte à 1989. SBB diversifie alors pour la première fois ses activités en réponse à la demande d’un client local. Celui-ci veut faire fabri­quer, à partir de plans établis, des tours d’urgence en aluminium destinées à transporter l’électricité. « Ce genre de roue de secours, par un principe de contour­nement temporaire, sert à rétablir le courant au cas où les pylônes s’effondreraient ou seraient endommagés », précise Martin Léger. Y voyant un marché intéressant, la PME développe, au fil des ans, son propre modèle de tours, qu’elle lance en 1998. Quelque 23 ans plus tard, on en trouve dans près de 60 pays aussi variés que le Brésil, la Suède, l’Inde et l’Irak. « Très durables, sans besoin d’entretien, elles s’assemblent rapidement et de façon sécuritaire, comme des blocs LEGO, jusqu’à une hauteur 30 à 50 m, explique celui qui a participé à l’amélioration du produit. L’opération peut se faire sur toutes sortes de terrains et nécessite peu d’interve­nants. » En plus du design des tours, SBB se charge de leur fabrication, de la livraison ainsi que de la formation logicielle et terrain chez le client. Autant d’aspects qui amènent l’ingénieur à explorer des pans diversifiés, et même inédits, de son métier. « J’apprends encore tous les jours, c’est très stimulant », affirme-t-il.

À noter que des mâts de mesure, pouvant atteindre 125 m, peuvent être érigés à partir du même module afin de confirmer le potentiel de sites pour l’exploitation de l’énergie éolienne.

 

Très durables, [nos tours d’urgence en aluminium] s’assemblent rapidement et de façon sécuritaire, comme des blocs LEGO, jusqu’à une hauteur 30 à 50 m. L’opération peut se faire sur toutes sortes de terrains et nécessite peu d’intervenants.

— Martin Léger, ing. – SBB

Une barrière qui ouvre des portes

En 2016, forte de son savoir-faire associé aux assem­blages mécanosoudés en aluminium, SBB décide de se concentrer sur l’utilisation de ce seul matériau et vend la partie de la compagnie qui concerne l’acier. Ce choix comporte toutefois un risque : les tours assurent alors à elles seules les revenus de la PME.

L’année suivante, des inondations majeures dévastent plusieurs régions du Québec. « Dans les reportages à la télé, on voyait les gens tenter de protéger leurs maisons avec des sacs de sable. Nous nous sommes dit : Ça n’a pas de bon sens d’en être encore là. Il faut faire quelque chose », relate Martin Léger.

Encouragé par la direction, l’ingénieur rassemble une équipe, dont le dessinateur-concepteur Alain Dionne. Tous travaillent à créer une barrière anti-inondation en aluminium. L’initiative est bienvenue. En plus de diversi­fier les activités, elle répond à un problème réel dans un contexte d’accélération des changements climatiques.

Le processus dure deux ans au cours desquels, entre autres, des rencontres sont organisées avec les muni­cipalités touchées à répétition par les inondations afin de bien saisir leurs besoins. Plus de vingt concepts de barrières sont explorés, jusqu’à la version de 2021. Ses grandes forces ? Légère, elle se transporte et se manie très bien, et se déploie à grande vitesse grâce à une connexion optimale des structures entre elles. Puissante, elle résiste à une pression statique d’un mètre d’eau, à du courant, à des vagues, et même à des impacts de débris.

Cette création ingénieuse de SBB est déjà gage de succès. En mai 2022, la PME récoltait le prix Honoris Genius – Projet innovant régional décerné par l’Ordre des ingénieurs du Québec. Des ententes de distribution sont en cours pour l’ensemble du Québec. Et comme les catastrophes liées aux inondations n’épargnent aucune région du globe, la barrière de SBB présente un intérêt certain pour son réseau existant de clients à l’étranger.

La concordance des valeurs

Et pour la suite des choses ? « Nous continuerons à faire de la recherche et développement en ayant en tête d’autres innovations en aluminium qui permet­traient de venir en aide aux populations, indique Martin Léger. C’est ce qui cadre avec nos valeurs. » D’une part, à cause du choix du matériau : « Le Québec est un producteur d’aluminium reconnu dans le monde, sou­ligne l’ingénieur. C’est une fierté de travailler à partir d’une ressource grandement disponible chez nous qui, en plus, est saine pour l’environnement. » D’autre part, dans le but primordial d’améliorer le bien-être collec­tif : « Compétence, sens de l’éthique, responsabilité et engagement social sont justement en ligne directe avec la profession d’ingénieur, fait valoir le chargé de projet. Moi-même, je serais incapable de travailler pour une compagnie qui n’a pas à coeur le bien-être des gens. »

« Cet état d’esprit est en adéquation avec la vision portée par le propriétaire actuel de SBB, Patrick Gharzani, poursuit Martin Léger. Il démontre beaucoup d’ouverture et d’engagement envers le personnel. Il veut s’assurer qu’on est heureux. » Le propriétaire ne lésine pas sur les conditions gagnantes pour ce faire. En témoigne le Prix reconnaissance pour la concilia­tion travail-famille, catégorie 20 à 49 employés, remis en 2018 par le ministère de la Famille en collaboration avec le Regroupement des jeunes chambres de com­merce du Québec. « D’ailleurs, quand nous recevons des gens en entrevue, l’objectif est clairement de trouver des morceaux qui s’imbriquent bien afin de préser­ver la chimie entre nous et l’équipe spéciale que nous formons », conclut Martin Léger avec enthousiasme.

 

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