, 4 juillet 2022

Nicolas Sbarrato, ing. : un engagement global

Responsable de l’équipe risques climatiques et résilience chez WSP, Nicolas Sbarrato expert des terrains contaminés croit que le génie doit fournir sa part d’efforts pour un avenir plus responsable.

Cet article s’inscrit dans la collection « Génie à la une ».
Par Pascale Guéricolas, photos : Francis Fontaine Cosmos Image


Admiratif dès son enfance des grandes découvertes scientifiques et des inventions, Nicolas Sbarrato, ing., a pris conscience au fil de sa carrière de la responsabilité qui incombe aux ingénieurs et ingénieures. À ses yeux, il faut absolument que le milieu du génie tienne compte de l’incidence future des actions qu’il accomplit aujourd’hui, qu’il s’agisse de construire un pont ou d’améliorer un procédé industriel dans une usine. « Pour faire face aux changements climatiques, le statu quo est impossible, affirme Nicolas Sbarrato. Les membres de la profession doivent absolument contribuer à faire avancer le milieu pour mieux se préparer aux changements qui nous attendent. »

Dès l’enfance, ses parents l’ont sensibilisé à l’importance de l’environnement, en randonnant avec lui au mont Blanc, en France, de même qu’en Islande et en Colombie-Britannique, et en lui faisant découvrir d’autres cultures. Ces chemins parcourus dans d’autres contrées ont peut-être incité le jeune monégasque à poursuivre ses études au Québec après l’obtention de son diplôme d’ingénieur en génie chimique. Dans l’année précédant son départ, il découvre la gestion des sites d’enfouissement au cours d’un stage professionnel, et s’initie aux échantillonnages et aux comportements des contaminants dans le sol. Cet intérêt le pousse à démarrer, au début des années 2000 à l’Université du Québec à Montréal, une maîtrise en sciences de l’environnement combinant environnement, géologie et chimie, mais aussi sciences sociales et développement durable.

Coup de chance, un étudiant de 3e cycle l’associe à ses travaux de recherche portant sur le rôle des microorganismes pour restaurer des sols et des eaux souterraines contaminés. Le duo travaille d’abord en laboratoire sur de petits échantillons, avant de tester avec succès sa méthode sur des sites réels. « C’est un domaine plein de potentiel pour réduire la contamination, mais son coût et le temps de restauration restreignent encore son utilisation », signale Nicolas Sbarrato, qui a terminé sa maîtrise en 2005.

La révélation Turcot

Le voilà ensuite chargé de projet pendant deux ans pour le groupe Solroc. Il y effectue les études en amont de terrains contaminés par d’anciens réservoirs d’huile à chauffage ou d’essence, jusqu’à ce qu’il arrive sur l’immense chantier de l’échangeur Turcot en 2008 en travaillant à la division Environnement de Dessau-LVM. « Une expérience pareille, cela n’arrive qu’une fois dans une vie », déclare solennellement Nicolas Sbarrato. Pour cet ingénieur en génie chimique et en environnement, les millions de mètres cubes de terre, de gravats et de sable déplacés représentent une véritable mine d’or. Au fil des ans, les stratégies d’échantillonnage et de classification des sols en différentes catégories en vue d’une réutilisation plus efficace font un bond de géant. Les analyses statistiques s’affinent et les recoupements entre la nature des sols et la nature des contaminants favorisent la réutilisation des matériaux disponibles en toute conformité avec les normes.

« Turcot, cela représente un véritable tremplin à ma carrière », note ce diplômé de l’École supérieure de chimie, physique, électronique de Lyon, en France. Il propose alors ses services à WSP, qui vient tout juste de remporter les appels d’offres de décontamination, et devient chargé de projet principal. Les solutions novatrices en matière de réhabilitation environnementale qu’il met en place avec son équipe lors de la construction de cette plateforme géante, où circulent 300 000 véhicules chaque jour, lui valent d’ailleurs de recevoir en 2017 le prix Palmarès, décerné par le Project Management Institute de Montréal. En 2019, il obtient l’accréditation du ministère de l’Environnement et de la Lutte contre les changements climatiques comme expert habilité à délivrer des attestations de conformité qu’exigent les dispositions de la Loi sur la qualité de l’environnement.

Pour faire face aux changements climatiques, le statu quo est impossible. Les membres de la profession doivent contribuer à faire avancer le milieu pour mieux se préparer aux changements qui nous attendent.

Nicolas Sbarrato, ing. — WSP

Prendre la mesure du risque

Après presque une décennie consacrée à ce chantier gigantesque, Nicolas Sbarrato élargit ses horizons. À titre de gestionnaire, il prend en charge l’équipe d’expertes et d’experts en changements climatiques et en résilience chez WSP. Leur mandat : évaluer l’impact possible des aléas climatiques futurs sur les projets de bâtiments et d’infrastructures, ou sur des terrains contaminés, sur un horizon de 25, 30 ou même 80 ans. Des informations plus que pertinentes pour des propriétaires d’actifs désireux de connaître le niveau de risque et de vulnérabilité de leurs biens, tout en s’adaptant aux changements climatiques.

Déjà très engagé dans cette voie dans sa carrière professionnelle, le chef d’équipe s’implique aussi depuis plus de deux ans comme administrateur au sein de Genium360, un organisme à but non lucratif qui offre des services à plus de 90 000 membres liés au génie, une façon pour lui de contribuer à éveiller cette profession à une plus grande conscience environnementale. « Je considère que mon passage sur notre planète doit afficher un bilan final positif, à tous les niveaux », confie celui qui donne également de son temps depuis trois ans à un groupe scout. À ses yeux, l’aide qu’il peut apporter aux autres compte d’ailleurs tout autant que la protection de la nature. Son engagement est donc global.

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