, 16 octobre 2025

Infrastructures sportives : terrains de jeu pour l’ingénierie québécoise

Capteurs pour la natation, drainage intelligent, complexe multisport 100 % électrique... L'ingénierie transforme la pratique du sport.

Cet article s’inscrit dans la collection « ACCOMPLIR ».
Par Aurélie Ponton, journaliste.


Au Québec, l’ingénierie transforme la pratique du sport sur tous les plans.
Quatre projets portés par BPA, l’ÉTS, Stantec et Pluritec en témoignent.
Capteurs pour la natation paralympique, drainage intelligent, complexe multisport 100 % électrique : des solutions concrètes au service de la performance, de l’inclusion et de la communauté.

Les besoins sportifs évoluent et l’ingénierie québécoise y répond. Qu’il s’agisse de créer de nouvelles installations ou d’en optimiser l’usage, les communautés d’ici du génie et de la recherche conçoivent des solutions concrètes, toujours mieux adaptées aux réalités du terrain. Des technologies de performance à la conception d’enveloppes écoénergétiques, en passant par l’aménagement de surfaces sportives fiables, leur savoir-faire contribue à bâtir des environnements à la fine pointe, plus accessibles et durables.

BPA : Optimiser l’espace pour multiplier les usages

Le nouveau vélodrome intérieur de Bromont, conçu par la firme BPA, est bien plus qu’une simple piste couverte. C’est un complexe multisport pensé pour optimiser chaque mètre carré, qui comprend des installations pour le cyclisme sur piste, le pumptrack, l’escalade, le spinning et l’entraînement physique. Dans ce projet, l’ingénierie a été au cœur de l’innovation, tant sur le plan technique qu’humain. Le projet a certes connu son lot de défis, notamment sur le plan budgétaire, mais l’équipe en place avait une vision et le désir d’aller au bout de ses ambitions.

« On voulait faire plus avec moins. C’est en misant sur la collaboration et la créativité qu’on a transformé les contraintes en leviers d’innovation », souligne Jonathan Vigneault, ingénieur mécanique et gestionnaire de projet chez BPA.

Parmi les solutions mises en place : un système de ventilation, inédit pour un bâtiment de cette envergure, combiné à une optimisation fine des volumes et à une intégration soignée des systèmes techniques pour maximiser l’espace, le confort et la performance. BPA est aussi allée au-delà de son mandat en mobilisant ses partenaires afin de fournir des équipements et des systèmes et en les incitant à faire des dons à un organisme sans but lucratif. Le projet incarne l’ingénierie agile, capable de répondre aux besoins des usagers tout en respectant les ressources.

 

« On voulait faire plus avec moins. C’est en misant sur la collaboration et la créativité qu’on a transformé les contraintes en leviers d’innovation. »
Jonathan Vigneault, ing., gestionnaire de projet chez BPA

 

 

ÉTS : Mesurer pour mieux entraîner

Julien Clément, ing., professeur à l’ÉTS et analyste de performance affilié à l’Institut national du sport du Québec, a mis au point des algorithmes appuyés sur des capteurs inertiels pour mesurer avec précision la performance des nageurs paralympiques. Jusqu’à récemment, les entraîneurs ne disposaient que de chronomètres manuels et d’enregistrements vidéo. Désormais, un simple capteur placé sur le bassin permet d’analyser près de 200 paramètres de performance, notamment la symétrie de propulsion, les pics de vitesse et les signes de fatigue.

 

« L’objectif est d’offrir aux entraîneurs et aux athlètes des repères objectifs pour qu’ils puissent corriger leurs techniques à partir de données fiables. »

Julien Clément, professeur à l’ÉTS.

 

 

Parmi les indicateurs générés, on trouve la fréquence des battements, la symétrie de propulsion, le temps de glisse ou encore les variations angulaires du tronc et des membres. Bien qu’utilisé pour la natation, ce type de technologie pourrait être adapté à d’autres disciplines sportives, comme le ski, la course ou l’aviron.

« L’objectif est d’offrir aux entraîneurs et aux athlètes des repères objectifs pour qu’ils puissent corriger leurs techniques à partir de données fiables, » explique le professeur Clément.

Ce constat a orienté la conception des installations, pensées dès le départ pour les athlètes paralympiques, une population souvent négligée dans les recherches biomécaniques. Et ce n’est qu’un début : plusieurs autres projets sont aussi en cours. L’avenir s’annonce stimulant pour le professeur Clément et son équipe.

Stantec : Une ingénierie au service de la collectivité

Le complexe sportif Desjardins de Rimouski, auquel a participé la firme Stantec pour la partie mécanique/électricité, est un exemple d’infrastructure durable pensée pour la collectivité. Le bâtiment abrite deux piscines, deux patinoires (dont une olympique), une clinique de kinésiologie, des espaces communautaires et une aire de restauration. Chaque décision d’ingénierie a été guidée par l’efficacité et le confort des personnes qui utiliseront les installations.

« On a cherché à optimiser chaque aspect : l’énergie, l’air et la lumière pour offrir une expérience saine et agréable », explique Stéphane Fournier, directeur et ingénieur en bâtiment chez Stantec.

Le projet est alimenté par un système 100 % électrique, sans combustion fossile. Il intègre une récupération thermique avancée, une ventilation au niveau du sol dans le secteur de la piscine, ce qui minimise l’exposition au chlore, et des murs-rideaux de 9 mètres traités contre la condensation de manière à offrir une expérience immersive. Le taux d’occupation ne cesse de croître depuis l’ouverture, et les commentaires soulignent l’ambiance, le confort et la qualité de l’air. C’est un bâtiment où l’ingénierie se met au service de la communauté.

 

« On a cherché à optimiser chaque aspect : l’énergie, l’air et la lumière pour offrir une expérience saine et agréable. »

Stéphane Fournier, directeur et ingénieur en bâtiment chez Stantec.

 

 

Pluritec : Maîtriser la science du terrain

Depuis 2004, la firme Pluritec perfectionne des systèmes de drainage intégrés aux terrains synthétiques. Son objectif : assurer la durabilité, la performance et la conformité aux normes de sécurité. Le système combine une structure granulaire optimisée et un positionnement précis des drains. Leur efficacité est ensuite vérifiée in situ à l’aide de tests de percolation et d’un suivi de la qualité des matériaux. On s’assure ainsi que tout fonctionne comme prévu. Résultats : des surfaces dont on évite l’usure prématurée.

« Un bon drainage, c’est invisible, mais essentiel. C’est ce qui permet au terrain de rester plat et sécuritaire pendant des années », explique Nicolas Richard, ingénieur chez Pluritec.

Cette pratique permet aussi de limiter les besoins en entretien puisqu’on évite les infiltrations, tout en prolongeant la durée de vie utile des terrains, au-delà des normes habituelles. C’est une façon concrète de rendre le sport plus accessible, un terrain à la fois.

 

 

« Un bon drainage, c’est invisible, mais essentiel. C’est ce qui permet au terrain de rester plat et sécuritaire pendant des années. »

Nicolas Richard, ingénieur chez Pluritec.

 

 

L’ingénierie comme moteur de vitalité sportive

Quatre projets, quatre démarches, mais un même fil conducteur : l’innovation pensée pour répondre aux besoins concrets du milieu sportif. Chacun rappelle que l’innovation se joue dans l’attention aux détails, l’adaptation aux contraintes du terrain, l’optimisation de la performance ou la précision des données. C’est cette capacité à concevoir des solutions sur mesure, concrètes et intelligentes, qui fait avancer la pratique sportive.

 

CHIFFRES CLÉS DES INFRASTRUCTURES SPORTIVES

1281 projets sportifs ont été soutenus par le gouvernement du Québec depuis 2018, pour un total de 617 millions de dollars d’investissements.

Le Québec compte des dizaines de milliers d’infrastructures sportives sur son territoire.

Montréal dispose de 3396 installations extérieures, incluant piscines, pataugeoires, jeux d’eau et aires de jeux.

 

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