Exigences et bonnes pratiques pour l’utilisation des dessins normalisés ou de références

Cet article s’inscrit dans la collection « PRATIQUE EXEMPLAIRE ».
Par Maurice Zanon, ing., et Pascale Guéricolas.
L’intégration correcte des concepts illustrés sur les dessins normalisés permet aux ingénieures et ingénieurs de produire des plans et devis conformes aux bonnes pratiques professionnelles, aux exigences déontologiques et à la Loi sur les ingénieurs.
Plusieurs organismes ou ministères proposent des dessins normalisés ou de référence pour guider les ingénieures et ingénieurs vers les bonnes pratiques et les concepts reconnus à privilégier dans la préparation de la conception détaillée de leurs projets. Cela concerne, par exemple, le génie électrique, municipal ou des transports avec des donneurs d’ouvrage comme la Ville de Montréal ou le ministère des Transports et de la Mobilité durable (MTMD), qui disposent de leurs propres documents techniques de référence.
Il peut s’agir, entre autres, de spécifications et instructions précises indiquées dans le cahier des charges normalisé BNQ 1809-300 Travaux de construction – Conduites d’eau potable et d’égout – Clauses techniques générales, ou dans les différents tomes de la collection « Normes – Ouvrages routiers » du MTMD, ou encore dans les Documents techniques normalisés d’infrastructures (DTNI) de la Ville de Montréal, soit pour la construction d’un puits de drainage, l’installation d’un poteau d’incendie, la construction d’un raccordement des revêtements en enrobé à une chaussée existante. Ce type de documents touche aussi la mise en place de la signalisation temporaire sur un chantier de construction.
Dessin normalisé et détail type
Le dessin normalisé comporte la représentation graphique de concepts d’ingénierie et, généralement, la description de l’ensemble des caractéristiques et des exigences auxquelles doit répondre un produit, du matériel ou un ouvrage, et ce, dans une optique plus vaste. Il indique les principaux éléments que l’ingénieure ou l’ingénieur doit considérer dans son travail de conception des infrastructures, comme les réseaux d’eau potable et d’égouts, les chaussées, et certains ponceaux. Il s’agit donc d’outils d’aide à la conception.
Avant de les intégrer à leur plan et devis, les membres de l’Ordre responsables s’assurent que les concepts, éléments et renseignements que l’on y trouve s’appliquent intégralement à leur projet. Le cas échéant, il faut les modifier en ajoutant de l’information manquante, en supprimant les redondances et en précisant les composantes requises.
De plus, les ingénieures et les ingénieurs doivent veiller à ce que les hypothèses retenues pour établir le dessin normalisé s’appliquent à la réalité de leur projet et l’ajuster en conséquence. Cela consiste, par exemple, à prendre en considération des caractéristiques du sol où l’ouvrage sera disposé, les pressions et débits de service, ou la vitesse affichée.
Une fois ajusté et intégré aux plans et devis, le dessin normalisé se transforme en détail type de construction, complètement adapté aux particularités du projet. Il devient partie intégrante du concept et des plans et devis préparés, et authentifiés par une personne membre de l’Ordre.
Cette étape s’avère essentielle dans le processus de définition de la conception détaillée et la préparation des plans pour soumission, construction ou installation. Elle permet à l’ingénieure ou l’ingénieur de vérifier que ses plans comportent, de façon claire et explicite, toutes les informations requises à l’entrepreneur pour réaliser son travail.
La mise en valeur des détails types de construction dans les plans que fournissent les ingénieures et ingénieurs offre plusieurs avantages. L’information apparaît plus clairement aux soumissionnaires et, postérieurement, aux responsables du chantier, sans qu’il soit nécessaire de chercher dans plusieurs documents et fichiers séparés. Cette approche favorise la consultation de ces détails lorsqu’ils sont effectivement requis, au bord de la tranchée, au moment où les travaux seront réalisés.
Il faut savoir que des organismes, tels que le MTMD et la Ville de Montréal, offrent des blocs de dessins normalisés à télécharger que l’on peut modifier dans des logiciels comme AutoCAD. Cela permet d’intégrer facilement les caractéristiques particulières d’un projet pour ensuite produire une documentation accessible à toutes et tous sur le chantier.
Le cas échéant, les détails types de construction peuvent aussi se retrouver sur le devis, explicitant et détaillant les spécifications techniques et les éléments composant l’ouvrage.
Si le dessin normalisé est présenté séparément, il doit comporter un cartouche et être dument authentifié. Cependant, intégrer ces informations dans les plans reste la voie à privilégier pour une meilleure lisibilité.
Obligations des membres de l’Ordre
Cette façon de faire aide les ingénieures et ingénieurs à se conformer aux obligations professionnelles et aux bonnes pratiques. En effet, selon le Guide de pratique professionnelle, le niveau de détail de la conception détaillée doit permettre d’illustrer sur les plans tous les éléments de conception nécessaires à la réalisation du projet. Rappelons que selon le Code de déontologie des ingénieurs, il faut donner à son client ou à son employeur des avis et conseils clairs et cohérents, et également fournir des plans, devis et autres écrits complets, non ambigus et explicites. Sans compter que la Loi sur les ingénieurs précise qu’on doit disposer sur un chantier de plans signés et scellés par une personne membre de l’Ordre pour pouvoir réaliser des travaux d’ingénierie. Bien utiliser le potentiel des dessins normalisés est donc une façon de se conformer aux différentes lois et obligations.
À RETENIR
Les dessins normalisés doivent :
• être adaptés à chaque projet;
• améliorer la clarté des documents de projet;
• respecter les lois et obligations professionnelles.