, 25 février 2023

Franjieh El Khoury, ing. : ingénieure multitâche

Franjieh El Khoury est passionnée de sécurisation des systèmes informatiques, autrice, éditrice, chargée de cours…, et c’est cette multidisciplinarité qui la comble dans son travail.

Cet article s’inscrit dans la collection « Professionnel formé à l’étranger ».

Par Valérie Levée


Pour Franjieh El Khoury, le génie informatique joue un rôle clé dans la numérisation des données, l’automation et la sécurisation des systèmes. C’est ce qui l’a conduite, après un début de scolarité au Liban, au CNAM Paris (Conservatoire national des arts et métiers), où elle a obtenu un diplôme d’ingénieur informatique équivalant au baccalauréat en génie informatique et de la construction des ordinateurs.

Son projet de fin d’études portait sur l’organisation des systèmes d’information, et notamment sur un système de gestion de distribution des produits. Sa curiosité et ses lectures personnelles la poussent à explorer la sécurisation des données ; elle en fera le sujet de ses recherches pour l’obtention d’un doctorat en informatique de l’Université Claude Bernard – Lyon I, en France. « Mon doctorat traite de la sécurisation d’accès aux réseaux en utilisant des techniques de cryptographie, de reconnaissance de l’iris et des systèmes multiagents (SMA), précise Franjieh El Khoury. C’est moi qui ai choisi le sujet. »

Tout comme l’empreinte digitale, l’iris est particulier à chaque personne et peut être utilisé pour reconnaître les individus autorisés à accéder à un système informatique d’une façon sécurisée efficace. Dans le principe, « on extrait l’iris, représenté sous forme d’une couronne, de la forme de l’œil. Après la phase de l’élimination des effets des paupières pour obtenir le motif de l’iris sous forme binaire, on compare ce motif de chaque personne qui essaie d’accéder aux données à ceux des personnes identifiées et autorisées », explique Franjieh El Khoury.

 

« Mon travail est multidisciplinaire. Je mets en application des principes d’ingénierie, j’ai des collaborations avec l’industrie, la recherche m’intéresse. »

Franjieh El Khoury, ing. — Polytechnique Montréal

C’est John Daugman, professeur à l’Université de Cambridge, qui a inventé l’algorithme de reconnaissance de l’iris « IrisCode », en tenant compte des effets des paupières qui peuvent masquer une partie de l’iris. Franjieh El Khoury a donc amélioré l’algorithme pour concevoir une méthode innovante d’élimination des effets des paupières plus précise et pour assurer que différentes images d’iris prises d’une personne proviennent bien de la même personne. Elle a publié en 2013 un livre sur ce sujet, Iris Biometric Model for Secured Network Access. Elle est en outre co-autrice de Building a Dedicated GSM GPS Module Tracking System for Fleet Management – Hardware and Software, un ouvrage paru en 2018 et portant cette fois sur l’utilisation du GPS pour assurer le suivi et la sécurité des enfants et des personnes âgées. Franjieh El Khoury a aussi écrit plusieurs articles scientifiques diversifiés.

Ingénieure et associée de recherche au Québec

Franjieh El Khoury est venue au Canada parce qu’elle souhaitait s’épanouir sur le plan professionnel. Après quelques emplois en tant que contractuelle et consultante informatique, elle décroche, en 2018, un poste d’associée de recherche au Laboratoire de recherche en réseautique et informatique mobile (LARIM), dirigé par le professeur Samuel Pierre, ing., à Polytechnique Montréal. Celui-ci, ainsi que le professeur Musandji Fuamba, ing., l’encouragent d’ailleurs dans ses démarches pour intégrer l’Ordre. « J’ai aussi eu l’appui de l’Ordre des ingénieurs du Québec pour toute la démarche et pour la préparation de l’examen final, tient-elle à préciser. Chaque fois que j’ai appelé, une personne m’a donné des informations utiles. »

Au LARIM, en tant que coordonnatrice, elle supervise les étudiants et étudiantes, effectue le suivi des projets de recherche en collaboration avec les partenaires universitaires et industriels. Les projets de recherche mettent à profit les technologies de la sécurisation des systèmes, de la chaîne de blocs, de l’apprentissage automatique pour le développement de l’internet des objets, des applications mobiles et de la ville intelligente. À cela s’ajoute une charge de cours sur les bases de données, la conception et la modélisation des systèmes d’information. « Mon travail est multidisciplinaire. Je mets en application des principes d’ingénierie, j’ai des collaborations avec l’industrie, la recherche m’intéresse. Le milieu universitaire est l’environnement qui m’attire le plus », indique Franjieh El Khoury, ajoutant qu’elle n’est pas « du genre à rester les bras croisés ».

La preuve en est ses diverses activités en rédaction et diffusion des connaissances. Au sein du regroupement Collaboration pour l’ingénierie enseignée en ligne (CIEL), une association francophone pour l’enseignement et l’apprentissage du génie, elle participe à la rédaction d’un guide sur l’intégration de systèmes dans l’industrie à l’intention des futurs diplômés et diplômées en génie. Elle est membre volontaire du comité de rédaction du Centre canadien des sciences et de l’éducation, et éditrice associée et réviseure de la revue scientifique internationale Computer and Information Science.

Pour caser toutes ses activités, tout est, selon elle, une question de rigueur et d’organisation des 24 heures qui composent une journée.

 

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