, 31 août 2022

Yves Armand Abbé, ing. : Au coeur des procédés industriels

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Au Québec depuis neuf ans, Yves Armand Abbé, ing., ne regrette pas son choix d’avoir quitté sa Côte d’Ivoire natale pour élargir ses horizons professionnels.

Cet article s’inscrit dans la collection « Professionnel formé à l’étranger ».

Par Pascale Guéricolas, photos : Luis Medina et Didier Bicep


« Un des meilleurs conseils qu’on m’ait donnés pour aborder facilement les Québécois? Leur parler de météo! », lance en riant l’ingénieur chimiste et métallurgiste. Ouvert, sociable, cet Ivoirien d’origine a eu très peu de difficultés à s’acclimater à sa société d’adoption. Au point de devoir en partie son entrée chez Rio Tinto Fer et Titane à Sorel-Tracy il y a trois ans à sa grande capacité à créer un environnement de travail agréable et collaboratif, en facilitant le dialogue au sein de son équipe.

Très fort en maths et en physique, le jeune Yves Armand Abbé semble avoir un destin tout tracé alors qu’il suit les cours d’une école préparatoire avec son frère à Yamoussoukro, la capitale de la Côte d’Ivoire. À chacune de leurs rencontres, son père, lui-même ingénieur, inter­roge les deux frères sur leurs notes dans ces matières. Tout naturellement, Yves Armand Abbé est admis par la suite à l’École supérieure des mines et de géologie, où il se spécialise dans l’industrie pétrolière. Sauf qu’à la fin de ses études en 2012, il veut encore améliorer ses connaissances. Il se tourne donc vers le Québec, attiré par son multiculturalisme et son côté francophone.

Les cours en développement durable et sur les évaluations environnementales m’ont bien intéressé, sans compter que les études de cas concrets faisaient le lien avec le marché du travail.

Yves Armand Abbé, ing. — Rio Tinto

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Yamoussoukro, la capitale de la Côte d’Ivoire. À chacune de leurs rencontres, son père, lui-même ingénieur, interroge les deux frères sur leurs notes dans ces matières. Tout naturellement, Yves Armand Abbé est admis par la suite à l’École supérieure des mines et de géologie, où il se spécialise dans l’industrie pétrolière. Sauf qu’à la fin de ses études en 2012, il veut encore améliorer ses connaissances. Il se tourne donc vers le Québec, attiré par son multiculturalisme et son côté francophone.

D’abord inscrit au diplôme d’études supérieures spécialisées à Polytechnique Montréal, Yves Armand Abbé passe rapidement à la maîtrise en génie chimique, aidé en cela par ses bonnes notes. « J’ai beaucoup apprécié les projets proposés dans chaque cours pour pousser plus loin la matière, raconte le diplômé de 2016. Les cours en développement durable et sur les évaluations environnementales m’ont bien intéressé également, sans compter que les études de cas concrets faisaient le lien avec le marché du travail. »

Travailler en souriant

Son premier emploi chez PCAS à Saint-Jean-sur-Richelieu le plonge dans la réalité de la production des polymères. Il surveille le processus industriel, contrôle les équipements, s’assure du traitement adéquat des déchets. En 2018, le voilà sur les lieux d’une mine de graphite au lac des Îles, non loin de Mont-Laurier, dans les Hautes-Laurentides. Il prend en charge l’amélioration de l’exploitation du site et la réduction des rejets pour Imerys Graphite et Carbone. « Je garde un très bon souvenir de mon expérience avec les opérateurs de cette entreprise, se rappelle l’ingénieur. L’ambiance de travail était vraiment bonne et amicale. »

Son initiative d’instaurer des rencontres quotidiennes avec son équipe pour évaluer les indicateurs de performance de production et réduire les pertes attire l’attention de recruteurs agissant pour le compte de Rio Tinto en 2019. Ces derniers cherchent justement un ingénieur en métallurgie, capable de mobiliser les opérateurs. Après plusieurs rencontres, ils acceptent de bonifier leur offre pour qu’Yves Armand Abbé supervise le processus industriel dans l’usine installée depuis 70 ans à Sorel-Tracy. L’entreprise y produit de l’oxyde de titane et du fer à partir de matériaux provenant de la mine de Sept-Îles, mais aussi de Madagascar.

« Contribuer à ce que les procédés industriels fonctionnent et à les améliorer me passionne, indique celui qui a obtenu son titre d’ingénieur en 2021. Cela me procure un grand sentiment de fierté et d’accomplissement. » Dans l’usine, Yves Armand Abbé ne manque pas de défis. Plongé dans des fours de réduction où les électrodes en graphite font grimper la température à plus de 1 500 degrés, le minerai de fer réagit au contact du charbon pour se purifier. Il faut donc contrôler cette réaction chimique, garder un œil sur les indicateurs de température et veiller à la durabilité des fours, dont chacun coûte plusieurs millions de dollars.

Responsable de l’analyse des données de production afin que cette dernière soit orientée vers des résultats optimaux, l’ingénieur s’implique aussi dans la recherche. Il fait partie du centre de technologies mis en place au sein de Rio Tinto, lequel a pour mission de mettre au point des procédés novateurs ou de nouveaux produits comme le scandium, désormais produit dans une autre usine à Sorel-Tracy. Interrogé sur ce que l’avenir lui réserve, le jeune homme ne ferme aucune porte. Pour l’instant, il se sent bien au Québec, bien dans son emploi, et pour lui, c’est le principal.

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