Denis Rivard, ing. : d’Arvida à Johannesburg

Denis Rivard a mené une carrière exceptionnelle qui l’a conduit d’Arvida, sa ville natale, jusqu’en Afrique du Sud, et lui a permis de parcourir 26 pays pour son travail. Depuis son retour au Québec, il a piloté un des plus grands projets d’envergure à Montréal : le Réseau express métropolitain (REM).

Cet article s’inscrit dans la collection « En coulisses ».
Par Sandra Etchenda, réd. a.

Photo : Racine Images


Diplômé de l’Université du Québec à Chicoutimi (UQAC) en génie mécanique en 1983, Denis Rivard choisit le génie-conseil. Pendant 14 ans, il travaille dans plusieurs projets et finit par gérer des portefeuilles avec une équipe composée d’une vingtaine de personnes au départ et qui s’est agrandie par la suite. Un jour, une occasion exceptionnelle de collaboration avec SNC-Lavalin s’offre à lui, la gestion d’une aluminerie de 1,3 milliard de dollars. Bien qu’il n’ait pas toute l’expérience nécessaire, il saisit cette chance, se forme et part pour l’Afrique du Sud avec sa famille pour gérer la réalisation de la portion électrolyse d’une nouvelle aluminerie au Mozambique. C’est le début de sa carrière internationale!

Après le déluge… la prise de conscience

Denis Rivard a été témoin des conséquences des changements climatiques tout au long de sa carrière.  « Dans les années 2000, j’ai observé des événements météorologiques inhabituels en Namibie, tels qu’un déluge dans une zone aride. Bien que nous ne puissions pas attribuer directement ces phénomènes aux changements climatiques, cela a suscité des questionnements. » L’ingénieur a constaté des sécheresses et des événements climatiques de plus en plus marqués, ce qui a renforcé sa sensibilisation aux enjeux climatiques. « Durant cette période, les notions de gestion de l’environnement et de résilience aux changements climatiques ont gagné en importance, et les ingénieures et ingénieurs ont dû intégrer ces aspects dans leurs projets », rappelle Denis Rivard.

Des infrastructures résilientes

Après 17 ans à parcourir le monde pour différentes entreprises internationales du secteur minier, Denis Rivard est de retour au Québec en 2015. Sur place, il constate que la province est en avance en matière de politiques de lutte contre les changements climatiques par rapport à d’autres pays. « En tant qu’ingénieurs, il est de notre responsabilité de prendre en compte la résilience climatique dans nos projets dès la conception et dans nos plans », affirme-t-il. En 2021, lors de son arrivée en tant que vice-président chez CDPQ Infra pour le REM, il réalise que ce projet est profondément aligné sur cette vision.

ÉDI… bien plus qu’un sigle 

Denis Rivard a pu tirer des leçons de ses propres expériences d’intégration à l’étranger pour promouvoir l’inclusion au sein de ses équipes. Pour le vice-président de CDPQ Infra, les ingénieures et ingénieurs doivent développer une sensibilité culturelle, ce qui nécessite une adaptation.

 

« Les ingénieures et les ingénieurs doivent pouvoir expliquer ces aspects techniques de manière claire et accessible au grand public, car la confiance est établie lorsque les gens comprennent. »

— Denis Rivard, ing. — CDPQ Infra, maintenant chez Dynacor

 

À titre d’exemple, près de 35 000 personnes de 27 nationalités différentes ont collaboré au projet du REM au Québec. En outre, on pouvait compter jusqu’à 70 nationalités dans les consortiums internationaux.  L’entreprise a atteint une répartition équilibrée entre hommes et femmes, notamment dans des postes de direction.

« Dans un environnement professionnel axé sur l’équité, la diversité et l’inclusion, l’intégration de mesures d’accessibilité universelle est également essentielle, indique Denis Rivard. Ainsi, CDPQ Infra a maximisé les possibilités d’offrir une mobilité à toutes et tous, en adaptant les normes et en travaillant avec les instances légales pour garantir la sécurité des personnes handicapées. »

Une gouvernance efficace

Pour mener à bien des projets structurants, Denis Rivard retient trois éléments essentiels : la communication, la confiance et la collaboration.

Tout d’abord, il faut établir des liens de communication en mettant en place des comités de bon voisinage.  C’est un principe général appliqué chez CDPQ Infra, même à l’étranger. Cela consiste à expliquer en amont aux parties prenantes les détails techniques du projet, tels que son emplacement et les mesures d’atténuation mises en place pendant la construction. « Les ingénieures et les ingénieurs doivent pouvoir expliquer ces aspects techniques de manière claire et accessible au grand public, car la confiance est établie lorsque les gens comprennent », précise-t-il.

La confiance des parties prenantes assure également le succès d’un projet, mais elle peut être mise à l’épreuve en cas d’incident. Pour garantir aux usagères et usagers du REM qu’elles et ils peuvent avoir confiance en un système de conduite autonome, il est important de prendre en compte leurs préoccupations et de les dissiper en expliquant clairement les concepts techniques et en indiquant comment les systèmes fonctionnent au moyen d’exemples concrets.

Pour des projets complexes, il faut collaborer étroite ment avec d’autres organisations et parties prenantes, notamment les autorités de transport en commun.  « Par exemple, pour le REM, nous avons travaillé en étroite collaboration avec l’Autorité régionale de trans port métropolitain (ARTM), la Société de transport de Montréal (STM), le Réseau de transport de Longueuil (RTL) et EXO. Cette collaboration nous a permis de résoudre les problèmes et d’assurer une meilleure gouvernance du projet. »

Une aventure en or

Après une carrière de 40 ans bien remplie, Denis Rivard n’envisage pas la retraite. Au contraire, il embrasse un nouveau défi en devenant chef de l’exploitation (COO) de Dynacor, une entreprise canadienne basée à Montréal ayant 15 ans d’expérience dans la production responsable de l’or au Pérou.

En effet, les mineurs artisanaux qui y travaillent n’utilisent pas de produits dangereux et reçoivent une rémunération équitable. Le plan de l’entreprise aurifère est d’étendre ce modèle à l’international, notamment dans plusieurs pays d’Amérique latine et d’Afrique, des régions que connaît bien son nouveau COO.

Après avoir relevé de nombreux défis avec le REM, Denis Rivard se dit reconnaissant pour l’expérience acquise et extrêmement fier du travail accompli. Il entame ainsi un nouveau chapitre avec Dynacor. « C’est un défi passionnant à la fois sur le plan technique et en matière de développement durable et humain, conclut l’ingénieur.  Je vais ainsi pouvoir mettre de l’avant mon expérience au service de cette noble cause. »

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