Virage moderne pour les serres du Québec

Depuis 2020, plus de 200 serres de petite taille, de grands tunnels ainsi qu’une vingtaine de nouvelles serres de grande taille se sont ajoutées aux installations existantes.

Cet article s’inscrit dans la collection « DOSSIER GÉNIE AGRICOLE»
Par Pascale Guéricolas


Le coup de pouce du gouvernement du Québec en faveur de l’autonomie alimentaire et les incitatifs du ministère de l’Agriculture, des Pêcheries et de l’Alimentation du Québec à convertir les systèmes de chauffage aux énergies fossiles en énergie hydroélectrique ou renouvelables poussent les horticultrices et horticulteurs à choisir les équipements adaptés à leur budget et à leurs cultures.

 «Les nouveaux programmes incitatifs requièrent des analyses techniques et des projets pilotes sont menés, par exemple pour combiner chauffage à thermopompe et chauffage électrique.»

— Louis-Martin Dion, ing. — Gobeil Dion & Associés

L’ingénieur en génie des bioressources Louis-Martin Dion les guide dans cet univers, en particulier pour analyser et sélectionner leurs équipements d’éclairage, de chauffage, d’irrigation et de structure. « Pour un ingénieur ou une ingénieure, c’est un défi de trouver le meilleur système qui optimisera l’environnement de la plante, signale le copropriétaire du cabinet-conseil Gobeil Dion & Associés. Les nouveaux programmes incitatifs requièrent des analyses techniques. Des projets pilotes sont menés, par exemple pour combiner chauffage à thermopompe et chauffage électrique. Depuis quelques années, plusieurs de nos clients s’intéressent à des sources d’énergie de substitution telles que le biogaz d’un site d’enfouissement et la récupération de chaleur d’industries ou de centres de données. » Certaines serres ont recours à des condenseurs de fumée pour capter la chaleur produite par du gaz naturel, mais aussi le CO2 qui maximise la photosynthèse des plantes.

 

«Nous travaillons à mieux comprendre les espaces agricoles, car peu de données sont disponibles sur ce qui se passe dans les serres.»

— Didier Haillot, ing. — ÉTS

De son côté, le professeur de l’École de technologie supérieure de Montréal (ÉTS) Didier Haillot effectue des recherches sur des piles thermiques de chaleur, placées dans des serres en territoires nordiques. Avec les membres de son équipe, il a conçu et construit un système capable de stocker l’excès de la chaleur emmagasinée durant la journée à Kuujjuaq. Grâce à ce système qui utilise un lit de roches, il est possible d’éviter les gelées nocturnes en restituant la chaleur. « Ma collègue, la professeure Danielle Monfet, et moi travaillons à mieux comprendre les espaces agricoles, car peu de données sont disponibles sur ce qui se passe dans les serres », explique le chercheur.

Une collaboration avec le Centre d’expertise et de transfert en agriculture biologique et de proximité de Victoriaville leur a permis d’installer près d’une trentaine de capteurs en différents points d’une serre. Ils recueillent des données sur la température et l’humidité, sur l’irradiation disponible ainsi que sur le chauffage et la ventilation dans cet espace clos. Celles-ci seront ensuite couplées avec des simulations numériques afin de permettre à l’équipe de recherche de proposer aux producteurs des solutions technologiques optimales.

 

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