, , 13 septembre 2022

La STL, à la fine pointe de la mobilité durable

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En 2012, la Société de transport de Laval (STL) s’est démarquée en achetant un autobus 100 % électrique de 12 mètres (40 pieds). Actuellement, 10 autobus 100 % électriques circulent sur le réseau de transport en commun lavallois. Ce projet pilote précurseur place la STL – et la Ville de Laval – parmi les chefs de file de la mobilité durable.

 


Cet article s’inscrit dans la collection « Transport et mobilité durables ».

Par Clémence Cireau


 

L’électrification des autobus produit de grands changements, principalement autour de la logistique des activités de recharge.

Alexandra Gallo, ing. — Société de transport de Laval (STL)

 

 

 

 

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Le 18 mai dernier, Alexandra Gallo, ingénieure diplômée de l’Université McGill et de Polytechnique Montréal, chargée de projets à la STL, a reçu le prix Honoris Genius – Développement durable pour la mise en service de dix autobus électriques à grande autonomie faisant partie du parc d’autobus de la STL. Cette récompense souligne un projet ayant des retombées significatives sur le plan écologique. « Ce prix valorise le travail exemplaire d’une équipe constituée d’une quinzaine de ressources multidisciplinaires, parmi lesquelles se trouvent des personnes de différentes disciplines du génie, indique Alexandra Gallo. Il s’agit d’une réalisation de taille, notamment en raison des défis supplémentaires dûs au contexte pandémique. »

La STL estime qu’un autobus électrique permet d’économiser jusqu’à 70 tonnes de gaz à effet de serre par an. Dans des conditions optimales – une conduite bien maitrisée, une bonne gestion des opérations à l’intérieur du garage – ces autobus peuvent parcourir jusqu’à 250 km par jour.

Au-delà des avantages pour l’environnement et la santé des usagers du transport en commun, ces autobus offrent aussi une expérience à bord plus agréable.

« Les vibrations et le bruit ambiant sont vraiment diminués, affirme Alexandra Gallo. C’est d’ailleurs ce qui ressort des commentaires positifs que nous recevons sur les réseaux sociaux. » La STL s’enorgueillit de la fierté des Lavallois et Lavalloises à propos des initiatives en matière de mobilité durable qu’elle a mises en place de concert avec la Ville.

Laval, urbaine de nature

Le slogan de la ville en dit long… Afin d’atteindre les objectifs de son plan de mobilité durable, la municipalité a adopté plusieurs mesures, en partenariat avec la STL : le projet pilote des autobus électriques, des voies réservées aux autobus, des feux intelligents priorisant le passage des bus par rapport aux voitures. La STL a instauré, de son côté, des mesures supplémentaires. Chaque année, de mai à octobre, il est possible d’accrocher des vélos sur des supports installés devant les bus afin de favoriser une complémentarité avec le transport actif. « Nous offrons également le trajet à un dollar – alors que le tarif normal est de 3,50 $ – le lendemain d’une alerte au smog, entre le 1er juillet et la fête du Travail. »

Un projet collaboratif et progressif pour une intégration optimale

Amorcé en 2018, le projet pilote s’est mis en oeuvre progressivement. Conçus par l’entreprise winnipegoise New Flyer, les autobus ont été acquis en achat groupé avec la Société de transport de Montréal (STM). Le véhicule tête de série a été mis sur la route durant l’été 2019. Des tests de fonctionnement, ainsi que la validation des équipements, ont été réalisés sur cet autobus jusqu’en mai 2021, au moment où les dix véhicules ont été mis en service. « L’électrification des autobus produit de grands changements, principalement autour de la logistique des activités de recharge », souligne l’ingénieure. Des ressources humaines ont été affectées à ces tâches de gestion du parc électrique. « Pour effectuer ces changements, nous avons dû faire appel à 750 collaboratrices et collaborateurs directs, ce qui a nécessité une communication efficace en interne et la préparation de divers programmes de formation dans toutes les sphères de l’entreprise », explique Alexandra Gallo.

Des défis logistiques et techniques complexes

Comme dans tout projet innovant, l’équipe de mise en service doit relever des défis multiples. « Nous convoitons de nouvelles technologies en constante évolution, mentionne Alexandra Gallo. Nous avons dû faire des choix, miser sur une technologie, tout en essayant de comprendre l’impact potentiel. » La complexité du projet provient en particulier des difficultés liées à l’intégration de ces nouvelles technologies. « Nous créons un nouvel écosystème qui doit être efficace, poursuit l’ingénieure. Dans un futur proche, nous souhaiterons, par exemple, savoir où garer tel et tel véhicule en fonction des différents besoins de recharge. »

La gestion énergétique soulève aussi de nouvelles questions. Pour cela, la STL travaille en étroite collaboration avec Hydro-Québec depuis le début du projet. La recharge prend environ trois heures et demie, et se fait manuellement grâce à un pistolet électrique qu’il faut insérer dans le véhicule. « Nous devons à tout prix éviter les pointes énergétiques. Il faut donc planifier la recharge des différents véhicules selon leurs heures de service. »

Un futur tout électrique

La STL possède 361 autobus, et ne compte pas arrêter là ce projet. « L’électrification est dans l’ADN de la STL. Nous avons anticipé sur les objectifs fixés par le gouvernement. En 2025, plus aucune subvention ne sera attribuée pour l’acquisition de véhicules hybrides. Pendant en-core quelques années, nous aurons un parc mixte, puis les autobus diesel et hybrides vont arriver à échéance. » La STL vise l’année 2040 pour être à la tête d’un parc complet d’autobus électriques.

En parallèle de l’achat de bus 100 % électriques, la STL s’est lancée dans son plus gros projet des cinquante dernières années : la construction d’un nouveau garage pour les véhicules, 50 % plus grand que l’actuel, pouvant accueillir 145 nouvelles places pour les autobus électriques. Ce nouvel espace répondra aux exigences logistiques d’un grand nombre d’autobus électriques. « Gérer manuellement la recharge de dix autobus, ça se fait, précise Alexandra Gallo. Mais ce sera impossible lorsque nous aurons plusieurs centaines de véhicules ! » Le garage sera donc équipé d’une entrée électrique de 20 mégawatts – soit quatre fois la capacité du Centre Bell – et de plusieurs pantographes, un système de recharge automatisé installé sur le toit des véhicules. Les travaux débuteront à l’automne et le garage devrait être opérationnel au début de 2025. La STL a pour objectif de réduire de 45 % ses GES d’ici 2028.

Québec, Montréal, Toronto, Edmonton. Les villes canadiennes sont de plus en plus nombreuses à investir massivement dans le transport durable. Laval est l’une de celles qui donne l’exemple. « Nous participons à tous les congrès sur le sujet, dit fièrement Alexandra Gallo. Des groupes d’échange ont été mis en place afin que les sociétés de transport puissent se communiquer les apprentissages. Ce n’est pas une compétition, nous voulons avancer ensemble. »

 

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