, 3 mai 2022

La biométhanisation, une solution d’avenir ?

Dans la lutte contre les changements climatiques, les volontés de transition écologique sont freinées par de nombreux défis. Parmi ceux-ci, les sites d’enfouissement et les procédés très polluants qui émettent du méthane en grande quantité. La biométhanisation est-elle une solution mature et prometteuse pour faire face à ce problème ?

Cet article s’inscrit dans la collection « Transition écologique ».
Par Clémence Cireau


« Il y a quelques années, la carrière Miron, important site d’enfouissement de la métropole, émettait trop de méthane dans l’atmosphère, ainsi que des odeurs indésirables, retrace l’ingénieur Jacques Dubois, expert en biogaz. J’ai été chargé de la captation de ces biogaz. » Par la suite, il participe à la conception de réseaux de captage de biogaz de sites d’enfouissement ici et à l’étranger. Il conçoit et gère la construction de centrales électriques au biogaz à Montréal, Lachenaie et Saint-Thomas. « Le but de mes missions était toujours le même : trouver un moyen de réduire les émissions de gaz à effet de serre du méthane, résume l’ingénieur. Ce gaz est 28 fois plus polluant que le CO2. Il est donc indispensable de capter ces émissions avant qu’elles soient rejetées dans l’atmosphère. »

Une solution circulaire

Depuis qu’il travaille pour Seneca Experts-conseils, Jacques Dubois se concentre sur des projets de contrôle des émissions de biogaz et sur la biométhanisation des boues et des matières organiques. « Nous injectons la boue à l’intérieur d’un gros réservoir en aérobie et, après quelques jours, du biogaz est généré, explique-t-il. On le purifie ensuite pour en faire du gaz naturel renouvelable. » La matière organique résiduelle peut être séchée et utilisée comme engrais, ce qui fait de ce système une solution écologique circulaire basée sur le cycle court du carbone. « Cela résout les problèmes d’émissions et produit en même temps un carburant propre ! » L’ingénieur propose ainsi la biométhanisation et l’utilisation des biocarburants à ses clients qui cherchent des avenues pour réduire leurs émissions de gaz à effet de serre. « L’intérêt pour la valorisation du biogaz et la production de biométhane ne fait qu’augmenter au fil des années », note-t-il.

Le but de mes missions était toujours le même : trouver un moyen de réduire les émissions de gaz à effet de serre du méthane, résume l’ingénieur. Ce gaz est 28 fois plus polluant que le CO2.

— Jacques Dubois, ing. — Seneca Experts-conseils

Réduire l’utilisation du gaz naturel ?

Au Québec, les deux principaux producteurs de biométhane sont le lieu d’enfouissement technique (LET) d’Enviro Connexions à Terrebonne, qui produit du biométhane depuis 2014, et le LET de EBI à Saint-Thomas, depuis 2003. Les deux produisent du biométhane directement à partir des émissions de biogaz de leurs lieux d’enfouissement.

Selon le Rapport sur la résilience climatique d’Énergir publié en 2021, le volume de gaz naturel renouvelable injecté dans le réseau gazier était seulement de 0,1 % en 2020. L’objectif est d’atteindre 10 % d’ici 2030. « L’utilisation du gaz naturel renouvelable est presque anecdotique, affirme Jacques Dubois. Le marché du biométhane est ouvert aux États-Unis. Les Américains paient une prime environnementale pour ce gaz ; la production québécoise est vendue en majorité là-bas. La technologie étant désormais maîtrisée, à terme, pour se passer du gaz naturel, les défis sont plutôt d’ordre économique et politique. Il faut mettre un prix sur le carbone pour encourager les projets de biométhanisation à se développer. » Et l’ingénieur de conclure : « Comment reprocher aux entreprises de ne pas passer le cap quand brûler est moins cher – et plus simple – que de fabriquer du biométhane ? »

L’expertise en biogaz de Jacques Dubois commence dans les années 1980, alors qu’il participe à un projet de captation du biogaz émis par le sol d’un site d’enfouissement. Il devient ensuite consultant pour la Ville de Montréal. Jacques Dubois travaille comme ingénieur au sein de Seneca Experts-conseils.

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