23 novembre 2022

L’automatisation et les actes réservés aux ingénieurs et ingénieures

Alors que l’automatisation des machines et des procédés industriels ne cesse d’évoluer et de se développer, la question se pose : quels actes liés à l’automatisation relèvent des membres de l’Ordre ? Au moment où ce domaine devient chaque jour plus présent dans notre environnement, cette information est indispensable.

Cet article s’inscrit dans la collection « Encadrement professionnel ».

Par Pascale Guéricolas
En collaboration avec Réjean Daudelin, ing.
Inspecteur à la surveillance de l’exercice – domaine de l’automatisation


En milieu industriel, la conception, la réalisation et la validation des sys­tèmes dépendent de plus en plus de l’automatisation. Ce mode d’organisation peut avoir des répercussions sur la sécurité du public et sur le partage des responsabi­lités entre les professionnels et profession­nelles intervenant à une étape ou une autre du processus d’automatisation.

Machines et procédés industriels

Dans la nouvelle version de la Loi sur les ingénieurs, en vigueur depuis septembre 2020, les activités réservées aux ingénieurs et ingénieures concernent des ouvrages qui sont définis de façon plus englobante qu’au­paravant. L’automatisation faisant partie intégrante d’un ouvrage ou d’un équipe­ment industriel, cette activité se rapporte, selon l’article 3 de la Loi, aux systèmes utilisant « l’énergie sous forme mécanique, électrique ou thermique ». Autre nouveauté de ce même article, les procédés industriels constituent une nouvelle catégorie d’ou­vrages d’ingénierie. Désormais, la program­mation, la régulation et l’instrumentation, parties intrinsèques de l’automatisation, relèvent clairement du champ de pratique des ingénieurs et ingénieures. Tout cela sert en effet à exercer un contrôle sur les machines et les procédés industriels.

Au-delà des principes généraux relatifs à la nouvelle Loi sur les ingénieurs, l’article 2 décrit les activités réservées aux membres de l’Ordre. Ainsi, afin de préparer certains documents d’ingénierie concer­nant l’automatisation, les ingénieurs et ingénieures devront procéder en amont à la préparation d’une analyse fonctionnelle pour anticiper, selon les prin­cipes de l’ingénierie, le fonctionnement des sys­tèmes ou des procédés. Ils et elles contribueront également à l’analyse des risques afin de prévoir les éléments importants de sécurité, de fiabilité, de durabilité et opérationnels qu’il faut inclure dans la programmation.

Un cahier des charges

Par la suite, les ingénieures et ingénieurs définissent les standards pour la programmation et préparent la description fonctionnelle, aussi appelée cahier des charges. Généralement, cela inclut une description du procédé, des instruments utilisés, des séquences de traitement en lot, de même que des renseignements sur les arrêts, les départs, les boucles de régulation ainsi que sur les modes d’opération des dispositifs et des équipements, sur l’état des unités fonctionnelles, les seuils d’alarme, les interverrouillages. Document complémentaire à la description fonctionnelle, le logigramme permet par ailleurs de décrire de façon visuelle la structure du programme, les séquences de démarrage et d’arrêt du procédé ainsi que la procé¬dure d’urgence ou toute autre séquence d’opération.

Dans le domaine de l’automatisation, la préparation d’un plan de validation ou d’un protocole d’essais du programme ou de l’ouvrage automatisé est très importante. Les ingénieures et ingénieurs peuvent participer aux essais, mais des personnes exerçant d’autres professions y contribuent également : tech¬niciens et techniciennes, technologues, spécialistes de l’informatique ou du logiciel. L’équipe de valida¬tion prépare et présente le rapport qui détaille les vérifications effectuées, les déficiences constatées, ainsi que les corrections apportées. Cependant, ce document doit se référer au plan de validation préparé par un ingénieur ou une ingénieure, comme le précise l’article 2 de la Loi sur les ingénieurs en ce qui a trait aux essais et à la surveillance des travaux (paragraphes 2º et 3º).

Enfin, certaines entreprises exigent maintenant un certificat d’acceptation finale attestant que les équi¬pements, les machines ou les cellules robotiques automatisées sont sécuritaires et conformes aux exi¬gences, mais ce document ne constitue pas encore une obligation. Pourtant, la sécurité du public et des employés dépend de l’utilisation de ces appareils automatisés. Les membres de l’Ordre ont donc la responsabilité de prévenir les risques relatifs à l’exé-cution de ces programmes et d’offrir un milieu fiable, sécuritaire et durable, comme le précise la Loi sur les ingénieurs.

Pour en savoir plus, consultez le Guide de pratique professionnelle « Exercice de l’ingénierie et activités réservées à l’ingénieur ».

 


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