Simon Chamorro : Des robots au service de la société
Cet article s’inscrit dans la collection « Relève en génie ».
Par Pascale Guéricolas
Au cégep, Simon Chamorro ne savait pas trop vers quelle formation universitaire se diriger. Sa passion d’enfance pour les blocs LEGO et l’envie de construire le faisaient pencher vers le génie mécanique. Jusqu’à ce qu’il assiste à une présentation de l’Université de Sherbrooke, qui ouvrait en 2017 sa première cohorte en génie robotique. « Je ne connaissais rien à la programmation, se souvient le jeune homme. Par contre, l’apprentissage par projets, qui permet de travailler pendant deux semaines sur une réalisation très concrète avec le soutien du professeur sans cours magistraux, m’a séduit. »
Dès sa deuxième année à l’Université de Sherbrooke, l’étudiant fait partie d’un groupe qui vise à promouvoir la robotique auprès des jeunes et à encadrer des projets de conception étudiants. En 2021, il met au point, avec son équipe, les logiciels nécessaires pour bâtir un prototype de véhicule 4 x 4 « martien », et rafle le premier prix à un concours international.
Dans les films de science-fiction, les gens surestiment l’intelligence des robots. Je ne partage pas cette vision. À mes yeux, ce sont surtout des outils pour accomplir moins de tâches monotones ou pénibles.
— Simon Chamorro — étudiant en robotique à l’Université de Sherbrooke.
Très axé sur la formation pratique, le programme de premier cycle de l’Université de Sherbrooke lui donne l’occasion de programmer un véritable robot à l’Institut du véhicule innovant lors de son premier stage. Le défi : contrôler et faire naviguer un robot de désherbage. Vient ensuite une autre implication dans un groupe de recherche lié à la recherche et au développement pour le ministère de la Défense du Canada. Là, il doit de façon autonome programmer un véhicule pour qu’il suive des humains le guidant par des signes. « Le concept de donner vie à un robot m’intéresse particulièrement, précise Simon Chamorro, surtout la programmation. Dans les films de science-fiction, les gens surestiment l’intelligence des robots. Je ne partage pas cette vision. À mes yeux, ce sont surtout des outils pour accomplir moins de tâches monotones ou pénibles. Sans oublier que ce secteur crée aussi beaucoup d’emplois en ingénierie ou dans des domaines connexes. »
Allier recherche et application
Cet autodidacte assumé éprouve aussi une attirance particulière pour l’entrepreneuriat, ce qui lui a d’ailleurs valu de recevoir le Prix universitaire du Mérite pour l’entrepreneurship Pomerleau, décerné par la Fondation de l’Ordre des ingénieurs du Québec, doté d’une bourse de 10 000 dollars. Ainsi, Simon Chamorro s’est impliqué dans le fonds de capital Front Row Ventures, un comité qui investit jusqu’à 25 000 dollars en capital de risque pour financer des entreprises étudiantes. Cette expérience le met en contact avec des personnes venant de partout au Québec. Le jeune homme met aussi le pied dans le monde des affaires en organisant des simulations d’une fin de semaine, pendant laquelle les participants rédigent un plan d’affaires fictif.
Au cours d’un stage chez Mila en 2019, le fameux institut de recherche en intelligence artificielle qui regroupe à Montréal 900 chercheuses et chercheurs venus du monde universitaire et des entreprises en démarrage, l’étudiant a plongé dans le monde de l’apprentissage machine. Sa tâche, concevoir un simulateur de navigation à partir d’images captées par une caméra à 360 degrés. Même s’il ne s’agit pour l’instant que d’un projet de recherche fondamentale, cette technologie pourrait aider dans l’avenir des aveugles à s’orienter dans la ville. C’est dans ce milieu riche et foisonnant d’idées que le jeune homme a fait la connaissance de son directeur de recherche, et entamé sa maîtrise en janvier.
« Chez Mila, c’est très facile d’entrer en relation avec les professeurs et professeures de différentes universités et de collaborer avec des étudiants et étudiantes de divers laboratoires, déclare le jeune homme avec enthousiasme. Plusieurs programmes encouragent également l’entrepreneuriat. » Ses recherches sur l’apprentissage machine et les algorithmes de contrôle lui permettent de développer ses connaissances fondamentales en intelligence artificielle, un bagage qui l’aidera peut-être à créer des produits innovants, afin de démocratiser la robotique dans la vie quotidienne.
Aussi compétitif dans sa vie personnelle que dans ses études, Simon Chamorro a mené de front hockey et soccer tout au long du secondaire et du cégep, sans oublier la course en kayak. Récemment, ses horaires de cours trop chargés l’ont forcé à abandonner les sports d’équipe, mais pas le besoin de se dépasser. Il pratique maintenant la course d’endurance et s’entraîne pour son deuxième marathon à Mont-Tremblant, une activité qui l’amène à se fixer des objectifs, tout comme dans ses recherches sur les robots.
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