Travaux subaquatiques – Un monde méconnu

Les domaines liés aux infrastructures subaquatiques, qu’il s’agisse de barrages, de ponts, de quais, de bassins d’eau potable, de murs de soutènement ou d’étangs d’aération, font appel à une expertise pluridisciplinaire, alliant les génies civil, mécanique et électrique. Malgré la quantité importante d’infrastructures immergées au Québec, ce secteur complexe demeure relativement peu connu.

Cet article s’inscrit dans la collection « Dossier Travaux subaquatiques ».
Par Pascale Guéricolas


L’environnement sous-marin exige pourtant des compétences spéciales. Il faut maîtriser des connaissances approfondies de phénomènes tels que la pression de l’eau, les courants, la poussée d’Archimède, des éléments cruciaux dans la conception de structures sous-marines. La géotechnique des fonds marins, la profondeur de l’eau, ainsi que les conditions particulières de cure du béton sont des aspects essentiels à prendre en compte.

« Lorsque les éléments à inspecter se trouvent sous le niveau de l’eau, l’intervention des scaphandriers s’avère essentielle. »

— Isabelle Therrien, ing. —

BLM

Ces dernières années, on observe une meilleure reconnaissance du rôle des ingénieures et ingénieurs ayant une expertise dans les travaux subaquatiques, comme le souligne Isabelle Therrien, ingénieur et copropriétaire de Services Subaquatiques BLM, une entreprise spécialisée dans les interventions en scaphandre (voir l’article p. 34). Cette reconnaissance est due en partie à l’application plus stricte des règlements de santé et sécurité régissant la réalisation de projets liés aux infrastructures en milieu hyperbare.  Au niveau national, la norme CSA Z275 guide, entre autres, les procédures relatives à la constitution des équipes de plongée, visant à réduire les risques d’accident.

Les propriétaires d’infrastructures immergées jouent également un rôle primordial. Alors que certaines petites municipalités peuvent méconnaître les défis que présentent les infrastructures subaquatiques sur leur territoire, tels que les massifs de prises d’eau ou les bassins d’eau potable, les ministères disposent de procédures plus claires.

Une formation spécifique

Par exemple, dans le secteur des transports, les unités de fondation d’une structure exigent fréquemment une inspection au doigt et à l’œil sur la pièce par une professionnelle ou un professionnel.  Cependant, lorsque les éléments à inspecter se trouvent sous le niveau de l’eau, l’intervention des scaphandrières et des scaphandriers s’avère essentielle, car il faut détenir une expertise spécifique pour fournir les informations nécessaires aux ingénieures et ingénieurs qui demeurent à la surface. En outre, les infrastructures étant souvent recouvertes de végétation ou de saletés marines, un nettoyage préalable des parois s’impose, une tâche délicate qui peut révéler des failles et des imperfections.

Les interventions subaquatiques sur les infrastructures dans le fleuve Saint-Laurent requièrent une logistique encore plus importante étant donné que les marées et les vents s’ajoutent aux contraintes déjà nommées. En raison de tous ces facteurs complexifiant les inspections sous-marines et les travaux à effectuer en tenant compte des conditions variables du Saint-Laurent, la contribution d’expertes et d’experts ayant une connaissance appropriée des milieux immergés est essentielle.

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