, 1 janvier 2022

Anabel Suarez, ing. : «Je réalise mes rêves!»

D’aussi loin qu’elle se souvienne, Anabel Suarez, ing., a toujours été audacieuse. Ce tempérament lui a permis de quitter Cuba il y a neuf ans pour s’installer au Québec à la conquête de ses rêves

Cet article s’inscrit dans la collection « Professionnelle formée à l’étranger ».

Par Sandra Etchenda, réd. a., photos de Luis Medina et Didier Bicep


Diplômée en 2008 en génie industriel de l’Université centrale Marta Abreu de Las Villas, à Santa Clara, Anabel Suarez est embauchée comme ingénieure juniore au ministère de l’Industrie métallurgique de son pays. «À Cuba, il n’y a pas de firmes de génie-conseil privées, toutes les entreprises appartiennent au gouvernement, précise l’ingénieure. La compagnie pour laquelle je travaillais est l’équivalent au Québec d’une firme de génie-conseil.» Pendant quatre ans, la jeune ingénieure travaille au sein du département commercial afin d’assister et de conseiller les clients qui achètent de la machinerie lourde.

En parallèle, Anabel Suarez et son conjoint entament dès 2009 leur processus d’immigration pour le Canada dans le cadre d’un programme de recrutement de personnes qualifiées. «À l’époque, ce programme fonctionnait avec une grille de points qui tenait compte de l’âge, du domaine d’études, de l’expérience de travail, etc., se rappelle la jeune femme. Plus on avait de points, meilleures étaient nos chances d’être acceptés. Mon conjoint, qui est informaticien, s’est vu attribuer beaucoup de points.»

Réussir l’intégration

Les quatre années que dure le processus d’immigration, Anabel Suarez les met à profit en obtenant une maîtrise en administration des  affaires et en apprenant le français. «En attendant notre visa pour le Canada, nous avons eu la chance de suivre des cours de français à Santa Clara avec un professeur béninois, raconte-t-elle. C’est très rare de trouver des personnes francophones qui vivent à Cuba. Ni mon conjoint ni moi ne parlions un mot de français à ce moment-là. Néanmoins, il était important pour nous d’arriver au Québec en sachant parler français afin de faciliter notre intégration et de nous adapter à notre société d’accueil.»

Au Québec, j’ai été très bien accueillie. Dans mes différents emplois, les gens étaient bienveillants et curieux d’en savoir plus sur mon parcours, en tant qu’ingénieure et immigrante cubaine.

Anabel Suarez, ing., Nova Bus

Dès son arrivée au Québec en 2013, Anabel Suarez entreprend des démarches pour intégrer l’Ordre des ingénieurs du Québec et s’inscrit au programme de premier cycle en génie industriel à Polytechnique Montréal. Trois sessions plus tard, avec l’équivalence
québécoise de son diplôme en poche, elle complète et dépose son dossier à l’Ordre, et devient tour à tour ingénieure juniore en 2015, puis, deux ans plus tard, ingénieure de plein titre. «En m’installant au Québec, il était clair que je voulais poursuivre ma carrière d’ingénieure en génie industriel. Je me suis donné les moyens pour y parvenir, dit-elle fièrement. J’ai été aidée par le CITIM (Clé pour l’intégration au travail des immigrants)
qui m’a accompagnée dans mes démarches auprès de l’Ordre, pour monter mon dossier.»

Emplois de rêve

Quelques semaines avant la fin de sa formation à Polytechnique Montréal, Anabel Suarez décroche son premier emploi au Québec chez Cheminées Sécurité, où elle est chargée de projet. «Par la suite, j’ai réalisé le rêve que je caressais depuis mon arrivée à Montréal : celui d’intégrer l’industrie aéronautique… et, cerise sur le gâteau, j’ai été embauchée par Bombardier. Travailler dans cette multinationale a été l’expérience de ma vie!» s’exclame-t-elle. En tant que responsable des projets d’aménagement de la ligne finale des avions d’affaire du nouveau programme Global 7000, l’ingénieure est présente de la conception à l’implantation du projet, et gère une équipe multidisciplinaire.

«En quittant ma ville de Santa Clara, je ne m’attendais pas à avoir un emploi en or aussi rapidement au Québec. Si l’on est chanceux, on a une occasion comme celle-là une fois dans sa vie; moi, c’est deux fois de suite! Depuis deux ans, j’occupe un poste similaire au sein de l’équipe de l’industrialisation chez Nova Bus, l’usine d’assemblage d’autobus de Volvo. Ce poste comporte de nombreux défis dans le domaine automobile. Je fais partie de l’équipe qui met au point la prochaine génération d’autobus électriques qui rouleront en Amérique du Nord.»

Transmettre aux jeunes

«Au Québec, j’ai été très bien accueillie, affirme Anabel Suarez. Dans mes différents emplois, les gens étaient bienveillants et curieux d’en savoir plus sur mon parcours, en tant qu’ingénieure et immigrante cubaine. Le fait que le français ne soit pas ma langue maternelle n’a jamais été un frein dans ma progression professionnelle. Ce que j’aime des valeurs québécoises, notamment au travail, c’est de pouvoir accéder à des postes parce qu’on a les compétences.»

Fière de son parcours, la jeune femme dit accomplir professionnellement tout ce qu’elle désire, en particulier grâce à sa formation en génie industriel qui lui ouvre les portes de pratiquement toutes les industries. «Les ingénieures et ingénieurs en génie industriel ont un impact économique majeur pour les entreprises, déclaret-elle. On permet aux organisations d’être plus efficaces en faisant le design d’une usine, en déterminant le nombre optimal de postes de travail et de ressources, en concevant une nouvelle ligne de production, en analysant les flux, etc. Elles ont besoin de nous et nous font confiance. Afin que les jeunes sachent que c’est un domaine où les possibilités de carrière sont grandes dans une diversité d’entreprises, je m’implique au sein du programme de mentorat de l’Ordre pour expliquer aux jeunes ce qu’est le travail au quotidien d’une ingénieure en génie industriel.» Celle qui a été un modèle pour sa petite sœur, actuellement candidate à la profession d’ingénieure (CPI), souhaite inspirer davantage de jeunes, particulièrement les filles.

«Après neuf ans de vie au Québec, je suis convaincue d’avoir choisi la bonne société, celle qui est en accord avec mes valeurs; car ici, je réalise jusqu’à maintenant tous mes rêves.»

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