Économie circulaire et génie : un partenariat indissociable


Cet article s’inscrit dans la collection « DÉVELOPPEMENT DURABLE ».
Par Daniel Normandin, biologiste, M. Sc., MBA, et Annie Levasseur, ing., Ph. D.


Économie circulaire et génie : un partenariat indissociable

Inconnue en Amérique du Nord il y a à peine 10 ans, l’économie circulaire est maintenant de plus en plus prisée par les gouvernements et les universitaires, et représente une source grandissante de possibilités pour les entreprises.

Il n’existe pas encore de définition consensuelle de l’économie circulaire. Une requête sur les moteurs de recherche aboutira à une centaine de définitions. Elles ont toutefois un élément en commun, soit le découplage entre l’activité économique, le recours aux ressources vierges et les impacts sur l’environnement. Au Québec, le Pôle québécois de concertation sur l’économie circulaire, un regroupement volontaire multipartite sous le leadership de l’Institut de l’environnement, du développement durable et de l’économie circulaire (EDDEC) du campus de l’Université de Montréal, a proposé en 2015 la définition suivante de l’économie circulaire : « Un système de production, d’échange et de consommation visant à optimiser l’utilisation des ressources à toutes les étapes du cycle de vie d’un bien ou d’un service, dans une logique circulaire, tout en réduisant l’empreinte environnementale et en contribuant au bien-être des individus et des collectivités. »

La représentation schématique suivante illustre les diverses stratégies qui composent l’économie circulaire. Cette dernière est la résultante de la mise en œuvre systémique de l’ensemble de ces stratégies sur un territoire.

Pour aider à voir clair dans la pléthore de définitions, I’Organisation internationale de normalisation (ISO) élabore depuis quelques années un ensemble de normes (série ISO 59000), lesquelles devraient être publiées en 2024. Au-delà de la terminologie, les normes s’attaqueront, entre autres, à la mesure et à la performance de la circularité.

Considérée par le Programme des Nations Unies pour l’environnement comme un pilier de l’action pour le climat et la préservation de la biodiversité, l’économie circulaire est vouée à prendre rapidement de l’importance au fil des années à venir, car, faut-il le rappeler, le modèle actuel d’économie linéaire (extraire, produire, consommer, jeter) n’est pas soutenable. Ainsi, annuellement, plus de 100 milliards de tonnes de ressources naturelles sont injectées dans l’économie mondiale pour répondre à une demande en forte croissance. Sur cette quantité astronomique de ressources, seulement 7,2 % retournent dans l’économie après un premier cycle. Dans ce contexte, il faut donc extraire de plus en plus de ressources vierges à grands coups d’impacts sur l’environnement pour répondre à la demande. Aussi, comme près de 50 % des émissions de gaz à effet de serre totaux émanent de l’extraction des ressources et de leur transformation, la circularisation de l’économie devient un passage obligé dans notre lutte contre les changements climatiques.

Et le rôle du génie dans tout ça ?

Les ingénieures et les ingénieurs occupent une position clé dans la transition vers l’économie circulaire. Tout d’abord, les personnes exerçant l’ingénierie participent à la conception favorisant la circularité des produits. Ceux-ci doivent, entre autres, contenir le moins de matière possible pour remplir leurs fonctions ; ils doivent être durables, réparables, et leurs composantes, réutilisables et/ou recyclables. L’élaboration de modes de production qui réduisent le gaspillage de ressources à cette étape incombe également à l’ingénieur et à l’ingénieure ; pensons ici à la fabrication additive, par opposition à la fabrication soustractive. Les ingénieurs et les ingénieures participent en outre à la traçabilité des produits et de leurs composantes dans l’économie. Ils et elles mettent au point des outils pour anticiper les besoins en entretien-réparation, par le biais de jumeaux numériques, par exemple. Ingénieurs et ingénieures interviennent aussi dans la logistique pour ramener les produits des utilisateurs vers les manufacturiers (logistique inversée) en fin de cycle. Ils et elles doivent également concevoir les technologies et les procédés qui permettent une réintroduction des composantes des produits en fin de vie dans l’économie avec une valeur égale ou supérieure à la valeur initiale (suprarecyclage).

Ce ne sont là que quelques exemples du travail qu’accomplissent les personnes exerçant l’ingénierie dans cette incontournable transition vers l’économie circulaire. Les défis sont nombreux, mais ils constituent le carburant de l’innovation, et au Québec, nous savons y faire!

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Références utiles

https://www.quebeccirculaire.org/static/h/concept-et-definition.html

https://www.iso.org/committee/7203984/x/catalogue/p/0/u/1/w/0/d/0

https://www.circularity-gap.world/2023

https://www.resourcepanel.org/reports/global-resources-outlook

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