BBA, Prix Visionnaire 2022 de l’AFG – Un biocarburant visionnaire

En septembre 2022, l’Association des firmes de génie-conseil – Québec (AFG) a décerné le prix Visionnaire 2022 à BBA et à ses partenaires Polytechnique Montréal et Consortium SAF+. Plus haute reconnaissance de l’industrie, ce prix vient récompenser le projet d’usine pilote destinée à convertir des émissions de carbone en un nouveau carburant d’aviation durable dont l’impact en GES est 80 % moindre que celui du kérosène habituellement utilisé.

 


Cet article s’inscrit dans la collection « Portrait – Prix visionnaire de l’AFG ».

Par Clémence Cireau


Retour sur ce projet qui fait figure de précurseur en Amérique du Nord avec Lyne Ricard, ing., directrice du groupe Carburants et produits chimiques avancés et coordinatrice du projet chez BBA.

Nous en sommes encore aux balbutiements de notre démarche pour produire un carburant réalisé à partir de nos déchets et utiliser efficacement de l’énergie, mais c’est un pas historique qui vient d’être franchi.

Lyne Ricard, ing. – BBA

Comment est né ce projet de production de carburant d’aviation durable ?

Lyne Ricard : Je m’intéresse au biocarburant et à ses usages depuis plus d’une décennie. Alors que ce secteur occupait un créneau très pointu à l’époque, on assiste aujourd’hui à un véritable engouement pour l’utilisation du biocarburant. Lorsque j’ai rencontré mes collègues chez BBA en 2013, je leur ai rapidement parlé de ma volonté à pousser la recherche dans ce domaine. Ils ont tout de suite été intéressés et m’ont encouragée dans cette voie.

Que faire du CO2 une fois qu’il est capturé ? Il est possible de le séquestrer sous terre dans des puits de carbone. Cette solution, bien qu’elle soit utilisée à différents endroits, est différente de celle que nous avons choisie pour ce projet. L’objectif était de réutiliser le CO2 et de le transformer en un carburant utilisable pour le domaine de l’aviation, qui propose une solution de remplacement verte aux combustibles fossiles.

Polytechnique Montréal a mis sur pied une plateforme de chimie verte et d’ingénierie durable afin de soutenir des projets favorables à la transition vers une économie carboneutre. Polytechnique a donc construit une usine de capture et de purification du CO2 qui permet le développement et la propulsion de différentes technologies de décarbonation en collaboration avec des partenaires industriels. C’est dans ce cadre que s’inscrit l’usine pilote de SAF+.

Notre mandat a consisté à réaliser l’ingénierie, à gérer le projet et la construction pour l’installation de l’usine pilote, ainsi qu’à exploiter l’usine de capture de CO2 de Polytechnique Montréal et l’usine de conversion de SAF+. Grâce au travail des ingénieures et ingénieurs qui se sont relayés jour et nuit pour procéder à l’ensemble des phases de conception des interconnexions, de construction et de mise en service du projet, il a été possible de produire quelques litres d’un carburant propre en moins de huit mois.

 

Comment fonctionnent les technologies innovantes du projet ?

L.R. : Les technologies utilisées reposent sur l’économie circulaire; elles capturent et convertissent le CO2 en carburant d’aviation à l’aide d’hydrogène vert. Premièrement, le CO2 est recueilli à la source, directement des cheminées industrielles. Il n’est donc pas émis dans l’atmosphère. Il est ensuite purifié et modifié en enlevant ses deux atomes d’oxygène, puis en ajoutant l’hydrogène vert, qui est produit à partir de l’électricité renouvelable. On obtient ensuite un carburant synthétique qui, une fois purifié, se conformerait à la norme ASTM D4054, qui définit les exigences des carburéacteurs et assure la sécurité et l’efficacité des opérations aériennes. Polytechnique Montréal et Consortium SAF+ croient fermement que le biocarburant fait partie des solutions qui garantiront un avenir durable et écoresponsable au domaine de l’aviation. BBA le croit aussi.

Quels sont les défis à venir pour produire ce biocarburant d’aviation à l’échelle industrielle et le commercialiser ?

L.R. : Nous venons d’établir la preuve qu’il est possible d’exploiter ce concept et que les deux usines peuvent être fonctionnelles, c’est-à-dire que nous savons que le processus pour produire le biocarburant fonctionne. Il faut maintenant reproduire les conditions mécaniques et chimiques nécessaires à la réussite du projet à l’échelle industrielle. Cela requiert beaucoup d’expérience opérationnelle afin que ce soit sécuritaire et rentable.

Le principal défi technique concerne l’approvisionnement de l’usine en énergie. Les procédés de conversion du CO2 en biocarburant nécessitent de chauffer puis de refroidir les molécules afin qu’elles réagissent entre elles. Traditionnellement, le gaz naturel est utilisé pour répondre à ce type de besoin, mais lorsqu’on utilise de l’hydroélectricité, cela se complique. En effet, ce qui est facilement réalisable à petite échelle ne l’est pas toujours lorsqu’on passe à une exploitation commerciale ayant des besoins en énergie beaucoup plus importants. À titre d’exemple, le réacteur dans l’usine pilote est haut de deux étages. Dans une usine commerciale, il sera beaucoup plus volumineux. Plusieurs questions se posent donc, par exemple comment stabiliserons-nous une température au milieu du réacteur avec de l’hydroélectricité ?

Nous en sommes encore aux balbutiements de notre démarche pour produire un carburant réalisé à partir de nos déchets et utiliser efficacement de l’énergie, mais c’est un pas historique qui vient d’être franchi. C’est ce que récompense le prix Visionnaire de l’AFG, et nous en sommes très fiers. La mise en service de l’usine commerciale est prévue à l’horizon 2026.

 

Lyne Ricard, ing. – Travailler à la transition climatique

Lyne Ricard occupe le poste de directrice du groupe Carburants et produits chimiques avancés chez BBA depuis 2013.

Ingénieure en génie chimique, Lyne Ricard contribue au développement des activités de la firme de génie-conseil sur ces marchés, tout en étant responsable de l’exécution des projets.

Après une carrière d’une vingtaine d’années chez Pétro- Canada à améliorer les procédés et les opérations, puis chez SNC-Lavalin où elle s’est impliquée à l’international en conception de mégaprojets, Lyne Ricard s’est jointe à BBA. À son arrivée chez BBA, Lyne Ricard a mis sur pied une équipe qui tire sa richesse de sa diversité culturelle, de genre et d’âge, une équipe diversifiée, motivée et dynamique, qui poursuit l’objectif commun de travailler à la transition climatique.

 

BBA, une firme visionnaire

Fondée il y a plus de 40 ans, BBA est l’une des plus importantes firmes privées de génie-conseil du Canada. Elle est reconnue pour son savoir-faire dans les secteurs de l’énergie et des ressources naturelles.

Avec 16 bureaux au Canada et à l’international, BBA offre aux clients un soutien local et une présence sur le terrain, et fournit des solutions d’ingénierie et des services-conseils stratégiques parmi les plus novateurs, durables et fiables de l’industrie.

 


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